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Eglise Protestante Unie de Villefranche sur Saône

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Catégorie : ALO: PRÉSENTATION DES LIVRES

ALO: PRÉSENTATION DES LIVRES
19 mars 2023

Atelier de lectures Oecuménique du 16 mars 2023

“LE CORPS DU CHRIST” :Atelier animé par le pasteur Franck Nespoulet

LE CORPS DU CHRIST mots bibliques

Corps du Christ: corps physique

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Corps du Christ: corps spirituel

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Corps du Christ: corps comme offrande

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Le dernier repas- Eucharistie

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Corps du Christ

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https://www.erf-villefranche.fr/wp-content/uploads/2023/03/19-ALO.mp3 https://www.erf-villefranche.fr/wp-content/uploads/2023/03/20-ALO.mp3 https://www.erf-villefranche.fr/wp-content/uploads/2023/03/21-ALO.mp3
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https://www.erf-villefranche.fr/wp-content/uploads/2023/03/9-Corps-du-Christ-f-Apres-Resurrection.mp3

HISTOIRE

https://www.erf-villefranche.fr/wp-content/uploads/2023/03/10-Corps-du-Christ-g-HISTOIRE.mp3

DIDACHÈ

 

 

Paragraphes :

 

1 à 6      l’enseignement des deux voies, l’une conduisant à la vie , l’autre à la mort.

7 à 10    différents éléments liturgiques à propos du baptême, du jeûne, de la prière et de l’eucharistie.

11 à 15    questions disciplinaires et plus particulièrement de l’hospitalité chrétienne.

16          exhortation à veiller et à tenir bon au milieu des tribulations dans l’attente du jour du Seigneur.

———-

Œuvre composite, écrite en grec, compilation de divers documents recueillis dans des communautés chrétiennes –

Le document compte différentes couches rédactionnelles dont les parties les plus anciennes remontent au 1er siècle, les parties plus récentes et la rédaction finale pouvant être bien plus tardives. La formulation des paroles du Christ semble être plus ancienne encore que celle des textes canoniques. Les prescriptions disciplinaires témoignent d’une époque où vivaient les apôtres et où existaient des prophètes itinérants.

Bien que rédigée en grec, la prégnance du style hébraïque semble indiquer que son auteur est un juif converti. Elle serait une sorte de manuel pour les nouveaux convertis, à apprendre par cœur.
La Didachè remonterait à l’époque où la hiérarchie commençait à se manifester explicitement (fin du premier siècle). Des ressemblances avec l’Evangile de Matthieu tendraient à prouver que les deux écrits prolongent isolément une tradition juive commune, certains détails incitant à envisager que les auteurs de la Didachè ne connaissaient pas l’Evangile de Matthieu dans sa forme définitive, et que l’ouvrage pourrait donc bien être antérieur, dans plusieurs de ses sections, aux premières rédactions des Evangiles synoptiques.

 

 

 

D’après Les Pères apostoliques Doctrine des Apôtres. Épitre de Barnabé , texte grec et traduction française par Hippolyte Hemmer, Gabriel Oger et A. Laurent, Librairie Alphonse Picard, Paris 1919.

2

 

Enseignement des douze apôtres

Enseignement du Seigneur aux nations par les douze Apôtres.

1. Il y a deux chemins : l’un de la vie, l’autre de la mort ; et il y a une grande différence entre les deux chemins.

Le chemin de la vie est celui-ci : en premier, tu aimeras le Dieu qui t’a créé, en second ton prochain comme toi- même ; et tout ce que tu ne veux pas qu’il te soit fait, toi non plus ne le fais pas à autrui. Et l’enseignement signifié par ces paroles est celui-ci : Bénissez ceux qui vous maudissent et priez pour vos ennemis, jeûnez pour ceux qui vous persécutent. Quel don y a-t-il en effet si vous aimez ceux qui vous aiment ! Les païens n’en font-ils pas autant ? Mais vous, aimez ceux qui vous haïssent, et vous n’aurez pas d’ennemi. Abstiens-toi des désirs charnels et corporels. Si quelqu’un te donne une gifle sur la joue droite, présente lui l’autre aussi, et tu seras parfait ; si quelqu’un te requiert pour faire un mille, fais-en deux avec lui ; si quelqu’un t’enlève ton manteau, donne-lui encore ta tunique ; si quelqu’un t’a pris ton bien, ne le réclame pas, car tu n’en as pas le pouvoir. À tout ceux qui t’implorent donne et n’exige rien, car le Père veut qu’il soit fait part à tous de ses propres dons. Bienheureux celui qui donne selon le commandement car il est sans reproche. Malheur à celui qui prend ! Certes si le besoin l’oblige à prendre, il est sans reproche mais s’il n’est pas dans le besoin, il rendra justice du motif et du but pour lesquels il a pris ; il sera mis en prison, examiné sur sa conduite et il ne sortira pas de là qu’il n’ait rendu le dernier quart d’as. Mais il a été dit également à ce sujet : Laisse ton aumône se mouiller de sueur dans tes mains, jusqu’à ce que tu saches à qui tu donnes.

2. Second commandement de l’enseignement : Tu ne tueras pas, tu ne seras pas adultère, tu ne souilleras point de garçons, tu ne commettras ni fornication, ni vol, ni magie, ni sorcellerie, tu ne tueras pas d’enfants par avortement ou après la naissance, ni ne convoiteras ce qui est à ton prochain. Tu ne parjureras pas, ni ne feras de faux témoignage, ni ne médiras, ni ne garderas de rancune. Tu seras sans duplicité, en pensées et en paroles, car le double langage est un piège de mort. Ta parole ne sera ni mensongère ni vaine, mais pleinement agissante. Tu ne seras ni avare, ni rapace, ni hypocrite, ni méchant, ni orgueilleux. Tu ne formeras pas de mauvais dessein contre ton prochain. Tu ne haïras personne, mais tu reprendras les uns, tu prieras pour eux, et tu aimeras les autres plus que ta vie.

 

 

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3

 

3. Mon enfant, fuis tout ce qui est mal et tout ce qui lui est semblable. Ne sois pas irascible, car la colère mène au meurtre ; ni jaloux, ni querelleur, ni violent, car c’est de là que viennent les meurtres. Mon enfant, ne sois pas habité par la convoitise, car la convoitise mène à la fornica- tion, ni par la vulgarité, ni par des regards sans gêne, car tout cela engendre les adultères. Mon enfant, ne suis pas le vol des oiseaux, car cela mène à l’idolâtrie, ni les incantations, ni les calculs astrologiques, ni les purifications super- stitieuses, refuse même de les voir et de les entendre, car tout cela engendre l’idolâtrie.

Mon enfant, ne sois pas menteur, car le mensonge mène au vol, ni avide d’argent ou de vaine gloire, car tout cela engendre des vols. Mon enfant, ne sois pas ronchonneur car cela mène au blasphème, ni insolent, ni malveillant, car tout cela engendre des blasphèmes. Au contraire sois doux, car les doux auront la terre en héritage. Sois patient, miséricordieux, sans malice, paisible, bon et tremble continuellement aux paroles que tu as entendues. Tu ne t’élèveras pas toi-même, tu n’ouvriras pas non plus ton âme à la présomption. Ton âme ne se joindra pas aux orgueilleux, mais tu fréquenteras des justes et des humbles. Tu accueilleras comme autant de biens les événements qui t’arrivent, sachant que rien ne se fait sans Dieu.

4. Mon enfant, souviens-toi nuit et jour de celui qui t’annonce la parole de Dieu ; honore-le comme le Seigneur, car là où est annoncée sa seigneurie, là est aussi le Seigneur. Recherche chaque jour la compagnie des saints, afin de te réconforter par leurs paroles. Tu ne provoqueras pas de division, mais tu pacifieras ceux qui se battent. Tu jugeras avec justice, tu ne feras pas acception de la personne en reprenant les fautes. Tu ne t’inquiéteras pas de savoir si une chose arrivera ou non. Ne tiens pas les mains étendues quand il s’agit de recevoir, et fermées quand il faut donner. Si tu possèdes grâce au travail de tes mains donne pour le rachat tes péchés.

Ne balance pas ni ne murmure avant de donner car tu connaîtras un jour celui qui sait récompenser dignement. Ne repousse pas l’indigent, mets tout en commun avec ton frère et tu ne diras pas que cela est à toi, car si vous êtes en communion pour ce qui est immortel combien plus pour les biens périssables ? Tu ne retireras pas la main de dessus ton fils ou de ta fille, mais dès l’enfance tu leur enseigneras la crainte de Dieu. Tu ne commanderas pas avec aigreur à ton esclave ou à ta servante qui espèrent dans le même Dieu, de peur qu’ils n’en perdent la crainte de Dieu qui est au-dessus des uns et des autres ;

4

 

car il n’appelle pas suivant la qualité de la personne, mais il vient sur ceux que l’Esprit a préparés. Et vous, esclaves, vous serez soumis à vos seigneurs comme à une image de Dieu, avec respect et avec crainte.
Tu haïras toute hypocrisie et tout ce qui déplaît au Seigneur. Ne mets pas de côté les
commandements du Seigneur, mais garde ceux que tu as reçus sans rien ajouter ni rien retrancher. Dans l’assemblée, tu confesseras tes fautes et tu n’iras pas à la prière avec une conscience mauvaise. Tel est le chemin de la vie.

5. Voici maintenant le chemin de la mort. Avant tout il est mauvais et plein de malédiction ; meurtres, adultères, convoitise, fornication, vols, idolâtries, pratiques magiques, sorcellerie, rapines, faux témoignages, hypocrisie, duplicité du cœur, ruse, orgueil, malice, arrogance, avarice , obscénité, jalousie, insolence, faste, forfanterie , absence de toute crainte. Persécuteurs des hommes bons, ennemis de la vérité, amis du mensonge, qui ignorent la récompense de la justice, qui ne s’attachent pas au bien ni au juste jugement, qui sont en éveil non pour le bien mais pour le mal, qui sont loin de la douceur et de la patience, qui aiment la vanité, qui courent après la récompense, qui n’ont pas de pitié pour le pauvre et ne se mettent point en peine des affligés, qui méconnaissent leur propre créateur, meurtriers d’enfants, et meurtriers par avortement des créatures de Dieu, qui se détournent de l’indigent et accablent les opprimés, avocats des riches, juges iniques des pauvres, pécheurs de part en part ! Puissiez-vous, ô mes enfants, être préservés de tous ces gens-là !

6. Veille à ce que nul ne te détourne de ce chemin de l’Enseignement, car celui-là t’enseigne en dehors de Dieu. Si tu peux porter tout entier le joug du Seigneur, tu seras parfait ; sinon, fais du moins ce qui est en ton pouvoir. Quant aux aliments, prends sur toi ce que tu pourras, mais abstiens- toi complètement de ceux offerts aux idoles, car c’est un culte aux dieux morts.

7. Au sujet du baptême, baptisez ainsi : après avoir enseigné tout ce qui précède, baptisez au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit dans de l’eau courante. S’il n’y a pas d’eau vive, qu’on baptise dans une autre eau, et à défaut d’eau froide, dans de l’eau chaude. Si tu ne disposes ni de l’une ni de l’autre, verse trois fois de l’eau sur la tête au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Que le baptisant, le baptisé et d’autres personnes qui le pourraient, jeûnent avant le baptême ; du moins au baptisé ordonne qu’il jeûne un jour ou deux auparavant.

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5

 

8. Que vos jeûnes n’aient pas lieu en même temps que ceux des hypocrites. Ils jeûnent en effet le deuxième et le cinquième jour après le sabbat, mais vous, jeûnez le troisième jour et durant la préparation du sabbat. Ne priez pas non plus comme les hypocrites, mais comme le Seigneur l’a ordonné dans son évangile, priez ainsi : notre Père qui es au ciel, que ton nom soit sanctifié, que ton royaume vienne, que ta volonté soit faite sur terre comme au ciel. Donne- nous aujourd’hui notre pain de ce jour et remets-nous notre dette comme nous la remettons aussi à nos débiteurs, et ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du mal, car c’est à toi qu’appartiennent la puissance et la gloire pour les siècles ! Priez ainsi trois fois par jour.

9. Au sujet de l’eucharistie, rendez grâce ainsi. D’abord pour le calice : nous te remercions, ô notre Père, pour la sainte vigne de David ton serviteur, que tu nous as révélée par Jésus ton serviteur. À toi la gloire pour les siècles !
Puis, pour le pain rompu : nous te remercions, ô notre Père, pour la vie et la connaissance, que tu nous a révélées par Jésus ton serviteur. À toi la gloire pour les siècles !

Comme ce pain rompu, autrefois disséminé sur les montagnes, a été recueilli pour devenir un, qu’ainsi ton Eglise soit rassemblée des extrémités de la terre dans ton royaume. Car c’est à toi qu’appartiennent la gloire et la puissance par Jésus-Christ pour les siècles ! Que personne ne mange et ne boive de votre eucharistie, si ce n’est les baptisés au nom du Seigneur, car c’est à ce sujet que le Seigneur a dit : ne donnez pas ce qui est saint aux chiens.

10. Après vous être rassasiés, remerciez ainsi : Nous te remercions, Père saint, pour ton saint nom que tu as fait habiter dans nos cœurs, et pour la connaissance, la foi et l’immortalité que tu nous a révélées par Jésus ton serviteur. À toi la gloire pour les siècles !

C’est toi, maître tout-puissant, qui as créé l’univers à l’honneur de ton nom, qui as donné aux hommes la nourriture et la boisson en jouissance pour qu’ils te remercient, et tu nous as donné une nourriture et un breuvage spirituels pour la vie éternelle grâce à ton serviteur. Avant tout, nous te remercions car tu es puissant. À toi la gloire pour les siècles ! Souviens-toi, Seigneur, de ton Eglise, délivre-la de tout mal, rend-la parfaite dans ton amour, rassemble-la des quatre vents, elle qui a été sanctifiée pour ton royaume que tu lui as préparé. Car c’est à toi qu’appartiennent la puissance et la gloire pour les siècles !

Vienne la grâce et que passe ce monde ! Hosanna au Dieu de David !

6

 

Vienne la grâce et que passe ce monde ! Hosanna au Dieu de David !

Si quelqu’un est saint, qu’il vienne ! Si quelqu’un de l’est pas, qu’il se convertisse ! Maranatha. Amen.
Laissez les prophètes remercier autant qu’ils voudront.

11. Si quelqu’un vient à vous et vous enseigne tout ce qui vient d’être dit, recevez-le ; mais si le prédicateur lui-même, étant perverti, enseigne une autre doctrine, et travaille à détruire, ne l’écoutez pas. Enseigne-t-il, au contraire, pour accroître la justice et la connaissance du Seigneur, recevez-le comme le Seigneur.

A l’égard des apôtres et des prophètes, agissez selon le précepte de l’Evangile, de la manière suivante. Que tout apôtre arrivant chez vous soit reçu comme le Seigneur. Mais il ne restera qu’un seul jour ou un deuxième en cas de besoin. S’il reste trois jours, c’est un faux prophète . A son départ que l’apôtre ne reçoive rien, sinon du pain pour gagner un gîte ; s’il demande de l’argent, c’est un faux prophète.

Vous n’éprouverez et ne critiquerez aucun prophète qui parle en esprit : car tout péché sera remis, mais ce péché-là ne le sera pas. Tout homme qui parle en esprit n’est pas prophète, mais seulement s’il a les façons de vivre du Seigneur. C’est donc d’après leur conduite que l’on distinguera le faux et le vrai prophète. Ainsi tout prophète qui enseigne la vérité, mais sans faire ce qu’il enseigne, est un faux prophète ; et tout prophète éprouvé, véridique, qui opère en vue du mystère terrestre de l’Eglise, mais qui n’instruit pas les autres à exécuter les choses qu’il fait lui-même, ne doit pas être jugé par vous : car c’est Dieu qui le jugera, et d’ailleurs les anciens prophètes ont agi de même. Quiconque vous dit en esprit : donnez-moi de l’argent ou quelqu’autre chose, vous ne l’écouterez pas, mais s’il prie qu’on donne pour d’autres indigents, que nul ne le juge.

12. Tout homme qui vient au nom du Seigneur doit être accueilli ; ensuite éprouvez-le pour le juger, car vous devez discerner la droite et la gauche. Si le nouveau venu ne fait que passer, secourez-le de votre mieux, mais il ne demeurera chez vous que deux ou trois jours, si c’est nécessaire. S’il veut s’établir chez vous, étant artisan, qu’il travaille et qu’il se nourrisse. Mais s’il n’a pas de métier, que votre prudence avise à ne pas laisser un chrétien vivre oisif parmi vous. S’il ne veut pas agir ainsi, c’est un trafiquant du Christ ; gardez-vous des gens de cette sorte.

7

 

13. Tout vrai prophète voulant s’établir chez vous mérite sa nourriture. De même l’enseignant véritable gagne lui aussi, comme l’ouvrier, sa nourriture. Tu prendras donc, du pressoir et de l’aire, des bœufs et des brebis, les prémices de tous les produits, tu les donneras aux prophètes, car ils sont vos grands-prêtres. Et si vous n’avez pas de prophète, vous donnez aux pauvres. Si tu fais du pain, prélève les prémices et donne-les selon le commandement. De même, si tu ouvres une amphore de vin ou d’huile, prélèves-en les prémices et donne-les aux prophètes. Sur ton argent, tes vêtements, sur toute sorte de richesse, prélève les prémices, selon ton appréciation, et donne-les selon le commandement.

14. Réunissez-vous le jour dominical du Seigneur, rompez le pain et rendez grâces, après avoir d’abord confessé vos péchés, afin que votre sacrifice soit pur. Celui qui a un différend avec son compagnon ne doit pas se joindre à vous avant de s’être réconcilié, afin de ne pas profaner votre sacrifice, car voici ce qu’a dit le Seigneur : Qu’en tout lieu et en tout temps, on m’offre un sacrifice pur ; car je suis un grand roi, dit le Seigneur, et mon nom est admirable parmi les nations.

15. Ainsi donc, consacrez-vous des évêques et des diacres dignes du Seigneur, des hommes doux, désintéressés, véridiques et éprouvés ; car ils remplissent eux aussi, près de vous, le ministère des prophètes et des enseignants. Ne les méprisez donc pas, car ils sont les hommes honorés d’entre vous, avec les prophètes et les docteurs.

Reprenez-vous les uns les autres, non avec colère, mais paisiblement, comme vous le tenez de l’Evangile ; et si un homme offense son pro- chain, que personne ne converse avec lui, qu’il n’entende un mot de personne avant qu’il ait fait pénitence. Pour vos prières, vos aumônes et tou- tes vos actions, faites- les comme vous le trouve- rez marqué dans l’Evangile de notre Seigneur.

 

.

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16.Veillez sur votre vie. Ne laissez ni s’éteindre vos lampes ni se détendre la ceinture de vos reins, mais soyez prêts car vous ignorez l’heure où notre Seigneur viendra. Assemblez-vous fréquemment pour rechercher ce qui intéresse vos âmes, car tout le temps de votre foi ne vous servira de rien, si au dernier moment vous n’êtes devenus parfaits.

Car aux derniers jours, on verra se multiplier les faux prophètes et les corrupteurs, les brebis se changer en loups et l’amour en haine. Avec les progrès de l’iniquité, les hommes se haïront, se poursuivront, se trahiront les uns les autres ; et alors paraîtra le Séducteur du monde, se donnant pour Fils de Dieu ; il fera des signes et des prodiges, la terre sera livrée entre ses mains, et il commettra des iniquités telles qu’il n’en fut jamais commis depuis le commencement des siècles.

Alors la création des hommes entrera dans le feu de l’épreuve et beaucoup se scandaliseront et périront ; mais ceux qui auront persévéré dans leur foi seront sauvés par Celui-là même qui aura été un objet de malédiction. Alors apparaîtront les signes de la vérité : premier signe, les cieux ouverts ; deuxième signe, le son de la trompette ; le troisième signe, la résurrection des morts ; non de tous, il est vrai, mais, selon qu’il a été dit : Le Seigneur viendra et tous les saints avec lui. Alors le monde verra le Seigneur venant sur les nuées du ciel.

ALO: PRÉSENTATION DES LIVRES
24 février 2023

Atelier de Lectures Oecuménique du 23 février 2023

“Ce lien qui ne meurt jamais”

de Lytta Basset

 

audio 1

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audio 2

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Présentation écrite:

 

Lytta Basset n’est pas une inconnue puisqu’un de ses ouvrages a fait l’objet d’une étude dans le cadre de l’Atelier: c’était ” Sainte Colère.”

    1)QUI EST LYTTA BASSET?

Philosophe, théologienne protestante, elle est une militante engagée dans plusieurs associations pour le développement durable et contre la violence. 

Elle est l’auteure d’une oeuvre qui ne cesse de se répandre.

Son ouvrage « Un lien qui ne meurt jamais »raconte le drame du suicide de son fils aîné Samuel et de son chemin de guérison . Il parait en septembre 2007, soit 6 ans après le décès.

     2) LE LIVRE

Il est composé:

– du journal intime écrit par l’auteure, jour après jour, du 7 mai 2001 au 7 mai 2005 c’est à dire pendant 4 ans; Ce journal est édité en italique et SURTOUT écrit à la 3 ème personne comme si c’était une autre personne qu’elle-même qui parlait et écrivait. Une sorte de détachement? de besoin de partialité? de recul?

5 ans après le drame, c’est à dire en 2006, elle relit les notes de son journal intime qu’elle commente et approfondit à la lumière des Evangiles. 

– Ses commentaires sont édités en script et écrits à la 1ère personne du singulier:  L.B. se sent  alors « autorisée » par son fils Samuel à écrire et à faire éditer son livre. C’est venu, de la manière la plus mystérieuse, inattendue, sans équivoque.

Cependant,« Aucun livre ne m’a autant coûté » écrit-elle.

Dans son introduction, Lytta Basset nous raconte la vie de son fils Samuel: « adolescent original et révolté, il avait commencé des études à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich puis avait  pris quelques mois de « congé sabbatique », l’été 1998, pour voyager en Amérique Latine. »

Trois mois après, la famille apprenait  qu’il a « été enfermé par la police dans un hôpital psychiatrique du Paraguay, en proie au délire suite à une prise de cocaïne frelatée. Depuis son retour à Genève et jusqu’à son décès presque trois ans plus tard, il a eu des crises de délire de plus en plus rapprochées, avec une violence croissante, nécessitant des hospitalisations répétées….jusqu’au jour où il a compris qu’il ne pouvait plus ». Samuel avait affiché une pensée sur la porte du frigidaire: «  la mort n’est pas le but de la vie, mais seulement le bout de la vie. »

Lytta Basset ne parle jamais dans ce livre « de la légitimité ou de l’illégitimité du suicide, de ses causes apparentes et cachées, de la prévention souhaitable ou insuffisante. »

Avant d’aller plus loin dans la présentation de ce livre, je voudrais rappeler les étapes du deuil:

Le deuil après suicide partage les mêmes phases d’évolution que tout autre deuil survenu dans des circonstances différentes:

  1. le choc et la sidération
  2. la fuite et la recherche
  3. déstructuration (pertes des repères et solitude)
  4. restructuration (relation avec l’être aimé).

 Il a cependant des particularités (émotions d’une intensité considérable avec sentiment de culpabilité omniprésent, colère contre soi-même, violence des circonstances et du choc traumatique), il.

Dans le cadre d’un deuil après suicide, la culpabilité a trois conséquences:

  • la quête du pourquoi?
  • la tendance au retrait social
  • l’attribution d’auto-punitions en mettant en place des interdits comme ne plus être heureux ou gratifié ou dans le succès.

Certaines personnes peuvent avoir des pensées morbides. En même temps que ce syndrome dépressif, peuvent survenir des sentiments de honte jusqu’à inventer d’autres circonstances de décès et qui va les enfermer dans un silence qui pourra « évoluer vers le secret de famille ».

La personne en deuil peut aussi être en colère focalisée sur autrui ou contre la personne disparue. Comment gérer la haine que l’on peut ressentir pour le meurtrier qui est aussi la victime? Elle peut être aussi en colère contre elle d’où des somatisations mais elle peut aussi avoir un sentiment de soulagement difficile à reconnaître et à avouer, le suicide ayant mis fin à une situation chaotique.

COMMENT LYTTA BASSET A T-ELLE TRAVERSÉ CE DRAME?

Elle a vécu la première étape d’un deuil: le choc

Le 7 mai 2001  son journal intime révèle  son, choc et sa sidération . « la foudre est tombée ». « seule au volant- 60 km en état second- elle hurle sans discontinuer, bête blessée à mort. La vie s’est arrêtée. Elle ne voit rien, n’entend rien, n’est plus qu’un cri ».

 5 ans après, elle explique ce cri par un besoin de projeter loin de soi, mettre à distance cette torture que la vie impose en toute absurdité, accoucher de la souffrance sans nom tout de suite sans attendre qu’elle devienne tumeur mortelle.

Sous la violence du choc , Lytta Basset perd tous ses repères. – Avec mon fils, j’avais perdu la vie. Du même coup, j’avais perdu la foi car comment un mort-vivant peut-il croire en Dieu? Qu’est-ce qu’un Dieu quand tout a explosé? –; elle avait l’impression d’ – être victime d’une malédiction -.

Interviewée, Lytta Basset dit « cela détruit tout ce qui est précieux sur son passage . Dans un premier temps, je suis restée en vie pour mes autres enfants, mon entourage ».

 

Ses émotions d’une intensité immense ne sont pas liées au sentiment de culpabilité.

Le 11 mai 2001, après la cérémonie, l’inhumation, « une petite réception réunit tous ceux qui veulent bien s’approcher….Une phrase sort de sa bouche pour ainsi dire à son insu: « En tout cas, je n’irai pas dans la culpabilité. » 5 ans après, elle écrit: Avec mon enfant suicidé, je venais d’enterrer les derniers vestiges du fantasme de la mère parfaite. Coupable de n’avoir pas été parfaite? Quelque chose ou plutôt Quelqu’un, au plus profond de moi-même, a parlé par ma bouche….Tu n’iras pas dans la culpabilité – parce que moi l’éternellement Vivant, j’ai parlé en toi au plus caché de tes entrailles, je te sais capable de te détourner de ce chemin de mort.

Une question taraude Lytta Basset : – Vas-tu cultiver ce qui est mortifère en toi ou vas-tu cultiver la vie? -. Elle a dû faire un choix:

– S’installer dans un entre-deux aurait été s’enterrer avec son fils-  car – le deuil d’un enfant pose un interdit sur la joie -. Être heureuse, c’est abandonner mon enfant et que je reste vivante. Qu’est ce que je vais faire du reste de ma vie désormais?

La radicalité de l’Evangile lui parle alors « Sois froid ou chaud. mais ne reste pas tiède ». Elle s’appuie sur le Deutéronome « j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction ».

 

Sa survie ne passe pas par la fuite , la solitude ou le repli social.

Mai 2001: « Elle continue à travailler comme un zombie, avec un terrible besoin de repères…elle retourne chanter. »

Les autres par des signes et des gestes lui témoignent leur tendresse et leur compassion. La Présence avait élu domicile en toute discrétion, quasi incognito, en chacune de ces personnes capables de compassion »

Elle écrit: – Chaque fois c’était autrui qui tel un miroir me reflétait la Présence agissant au plus insu de moi-même. Être reliée, c’est vivre le Royaume .-

Elle regarde et note dans son journal les petits riens,« sa manne quotidienne » qu’elle appelle aussi ses « cailloux blancs »; cette démarche a été capitale et vitale pour elle.

– C’est le regard qui change tout. Rien ne prouve aujourd’hui que des petits riens ne conduisent à un grand tout.-

Cela l’a empêchée de sombrer

:Dans ses commentaires, elle écrit: – Que faut-il pour que la multitude de « petits riens » qui nous arrivent sans cesse des autres humains se fasse entendre, commence à nous parler de la Présence indestructible? Je ne le sais pas. Je ne sais qu’une chose. Il faut que  les humains se montrent humains, même à fonds perdus. Nul ne sait ce dont il est porteur. J’aime, aujourd’hui, dire à chacun que tout compte, bien au-delà de ce qu’on croit, le moindre geste, les paroles les plus précaires, la présence silencieuse. –

 

Ces cailloux blancs qui lui ont permis de revenir dans le monde des vivants, Lytta Basset les appelle des évènements.

Tout évènement (retenez bien ce mot-là!) est ce qui instaure un trait d’union entre des vivants, des clins-Dieu et à partir duquel le Sens se remet à exister.

– Pourquoi le terme « évènement »? Cela «  arrive » sans programmation, uniquement pour la personne à qui il est destiné –.

Quelques exemples de cailloux blancs: un poème écrit par la grand-mère a son petit-fils âgé de 9 mois: 

Un petit Monsieur m’a souri

Frais comme un bouton d’or

Un Monsieur tout petit

Qui en savait long sur la vie

Tu peux partir, Petit Monsieur

Partir très loin.

une carte postale, une visite impromptue, un appel téléphonique, des rencontres….

L.B. cherche dans la fréquentation des personnes bibliques des Premier et Nouveau Testaments de quoi apaiser sa souffrance mais aussi cherche à se rassurer au sujet de son fils :Est-il apaisé? Est-il près de Jésus?

 

De colère contre Samuel, elle n’en a pas.

Mais elle se pose sans arrêt des questions sur l’origine du malheur, condamnée à un monologue qui ne sera plus jamais dialogue avec son fils ainé, disparu.

Elle refuse avec force la fatalité divine et rejette la parole de Job avant sa conversion:” Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris, que le nom du Seigneur soit béni ». Il lui suffit de croire que Dieu n’a pas voulu de cette mort, que jamais il ne voudra le meurtre, la maladie mortelle, le suicide, la mort des nourrissons. Il lui suffit de penser qu’en matière de vie et de mort, Son désir libre et le désir libre de chaque être humain se cherchent, se mêlent ..indéfiniment à l’insu de tous.

Elle apprend mieux encore à respecter son fils, adulte libre de ses choix, même douloureux  et insupportables pour son entourage. Elle consent à ce qui lui est arrivé: « Consentir, c’est être sauvé » écrit Bernard de Clairvaux.

JI mai 2001: l’avion descend sur Genève; Elle demeure pétrifiée ,  coulant à pic. une parole lui vient: « Samuel a choisi d’ en finir. Respecte sa décision! » D’un coup, elle se trouve allégée.  

Lytta Basset commente: – Je respecte ton choix et cela me différencie de toi. Ton altérité offre un espace à mon altérité, pourvu que je consente à ta liberté…-

Elle rêve, cauchemarde et cherche à déchiffrer le sens de ses rêves.

Elle a des visions, et ce , bien que son éducation protestante ne l’ait pas préparée à les accepter. 

En effet, pour les protestants, les morts sont l’affaire de Dieu; on n’a plus à s’en occuper et on n’est pas censé s’adresser à eux. Les cultes de service funèbre au temple ou dans un autre lieu sont des cultes d’adieu. Ils s’adressent aux vivants. Ils ont pour but d’annoncer l’Evangile en vue de la consolation des affligés mais pas de prier pour les morts. LB note que dans ses accompagnements, elle trouve plus de désespoir chez les protestants que chez les autres chrétiens.

Les visions de Jésus aux côtés de son fils, le sentiment d’avoir des affinités avec Marie qui cristallise l’histoire de n’importe quelle mère qui perd son fils, l’aident à avancer vers le chemin de la Vie.

Les rêves de son fils la perturbent mais la font progresser. Lytta Basset les consigne et  accueille ces expériences avec le monde invisible en leur donnant leur véritable place. Ces visions lui redonnent de la force. 

Voici quelques exemples tirés de son journal: 

-octobre 2003: elle reçoit un trésor en rêve: elle vient de traverser un tunnel en voiture, un tunnel qui montait; elle a dépassé deux voitures plus ou moins arrêtées au milieu; à la sortie, elle trouve Samuel qui de son écriture caractéristique prépare l’annonce d’un match de foot; elle l’aide à réaliser cette publicité; l’encourage et le soutient dans son désir. …A partir de cette nuit-là elle se sent de l’autre côté du tunnel, entraînée dans un puissant courant de vie. Elle n’avait pas imaginé que sa manière de le retrouver serait de partager avec lui la Vie où il se trouve maintenant.

Commentaire de Lytta Basset: – J’ai mis longtemps à trouver un sens à cet anéantissement que provoquait si souvent la brusque sensation de la présence de Samuel. Avec recul, les « visites » de Samuel me rappellent celle de Jésus à Marie de Magdala dans le jardin de Pâques. A peine l’avait elle reconnu qu’il lui disait: Ne me retiens pas. On peut comprendre: Ne me garde pour toi toute seule! et il envoie M de M vers les disciples pour qu’elle soit trait d’union entre eux et la Présence. Par la suite, j’ai eu le sentiment de retenir Samuel chaque fois que je regardais en arrière au lieu de le voir monter dans la Présence et de me laisser envoyer vers les autres.-

– août 2004: depuis 2 mois, ses rêves lui révèlent la question qui l’habite: faut-il qu’elle censure la joie qui vient? Cette fois elle perçoit la bénédiction de Samuel sur sa joie. Mais la route du deuil demeure bien chaotique. Le sentiment du dérisoire occupe souvent tout le terrain. Ou alors elle éprouve une immense lassitude devant cette vie qui continue. Et puis, tout à coup, la voilà éblouie par un éclair de joie parfaite .

Deux mois plus tard, elle enseigne au Québec. Une image lui est donnée plusieurs fois: la silhouette de Jésus de dos, devant le lac de Tibériade; mais elle n’est pas à ses côtés…. Une nuit, ce vide s’impose dans un cauchemar qui aboutit à la vision d’un ciel qui s’ouvre sur une beauté surnaturelle, incorruptible. Dans le rêve, elle se dit que c’est une hallucination passagère. Mais cela dure: la vision se produit 3 fis. Dans le rêve encore, elle s’objecte à elle-même qu’elle doit avoir les yeux à moitié ouverts et qu’elle aperçoit sans doute par la fenêtre le jour qui se lève…C’est au réveil seulement qu’elle se rend à l’évidence: elle a vraiment vu, dans son indescriptible pureté, ce royaume des cieux dont parlent les évangiles»

– janvier 2005: elle continue à rêver que Samuel est intensément vivant, qu’il va falloir le dire aux autres.

Les personnes à qui elle se confie l’encouragent à témoigner malgré l’accueil très réticent de son mari et malgré au début la honte de se dévoiler au public. 

Lytta Basset écrit: – Jésus avait annoncé qu’il serait « livré » aux mains de ceux qui le tueraient au nom de leur dieu; mais les récits de la Passion ne rapportent aucun moment de honte, de peur ou de refus de relation: Je peux donc accepter de me livrer dès que je ne me sens plus livré-e, sous la menace de personnes qui pourraient profiter de ma vulnérabilité dévoilée. –

Elle se recompose lentement, humblement et réalise qu’elle peut aider les autres dans leur propre cheminement intérieur, qu’elle est – la preuve vivante qu’un passage existe pour sortir de la mort -.

Lytta Basset termine son livre en écrivant: – j’aurais préféré pour titre « Les Vivants nous parlent » tant ce livre, de bout en bout, tisse des liens entre notre vie terrestre et la Vie que les défunts ont désormais en abondance. Une continuité dont témoignent d’innombrables personnes de toutes cultures, époques, sensibilités. Une orientation unique que je fais mienne: tous avancent à leur rythme propre de l’autre côté comme ici-bas, vers un amour plus accompli….-

Je comprends mieux cet paragraphe à la lumière du dernier ouvrage de Lytta Basset paru en août 2022  »Cet au-delà qui nous fait signe » qui bouleverse toutes nos idées reçues sur l’au-delà et en soulève le voile au détour d’un événement « improbable ».

Sans l’évènement improbable que ce livre entreprend de raconter, jamais l’auteure n’aurait pu écrire  « Ce lien qui ne meurt jamais ».

Rappelez-vous la définition du mot évènement donné par L.B. elle-même: Cela «  arrive » sans programmation, uniquement pour la personne à qui il est destiné –.

Cet évènement improbable arrive juin 2005, soit 4 ans après le décès de son fils: Lytta Basset conduit un séminaire intensif aux Etats Unis.

«  Samuel, décédé, s’est adressé à une personne inconnue de nous deux, pour me passer des messages. Elle s’appelle Myriam, je précise qu’elle n’est pas médium et une série d’événements avait contribué à son inscription à mon cursus « La compassion au cœur de l’Évangile ». Là, Myriam a été comme « investie » par Samuel pour me parler, en lui confiant des détails intimes connus de nous seuls. Chaque matin, pendant une semaine, elle me partageait des événements de sa vie passée, et des paroles bouleversantes de sa part, qui m’étaient adressées.  « dis à ma mère que je l’aime » «  Maman, Papa, pardon !» Je comprends qu’il veut exprimer tout ce qu’il n’a pas pu dire en ce monde. Samuel – c’est du moins comme ça que je le perçois – renaît et tente de réparer ce qui doit l’être. Nous avons vécu une semaine en état de grâce, totalement hors du temps et de l’espace. 

L.B ne les a pas mis en doute mais a mis du temps à les intégrer.

Pendant un an, Myriam va lui communiquer ce que Samuel lui confie.

Samuel va pousser sa mère à écrire -il a des dons littéraires-  «  je veux écrire avec toi, moi dans ta pensée, toi sur la main».

L.B. attendra donc 15 ans  pour écrire ce témoignage, cet évènement improbable . 

« Je n’ai jamais voulu, désiré ni recherché ce type d’expérience… Que le Dieu d’Israël me vienne en aide et ne permette jamais que j’induise quelqu’un en erreur. Car je ne veux que Sa volonté »

 Elle valide les témoignages d’expériences de mort imminente (EMI) et l’existence des VSCD « vécus subjectifs de contact avec un défunt » et relit la littérature sur ces questions délicates, en faisant toujours le lien avec les différents récits évangéliques autour de la Résurrection.  «  Aucune incompatibilité avec les témoignages du Nouveau testament ne lui a sauté aux yeux » A aucun moment, elle n’a pensé que l’évènement improbable puisse être en contradiction avec son identité chrétienne. Bien au contraire, il lui a fait saisir l’ampleur illimité de l’évènement de Pâques.

 

Dans une interview de la revue Le Pèlerin, le journaliste lui demande si ce n’est pas son désir de retrouver une relation avec son fils qui pourrait lui faire croire à cet évènement improbable. L.B. répond: « jamais de la vie! Quiconque a perdu un enfant surtout par suicide, n’a plus de désir, sinon de s’en aller avec lui ».

La demande de pardon de la part de Samuel transmise par Myriam a fait basculer L.B. définitivement du côté des vivants.

A la question: votre réflexion ne s’éloigne-t-elle pas de la théologie protestante?

« Pas vraiment, répond-elle. La foi chrétienne repose sur le témoignage de ceux qui ont vu Jésus vivant après sa mort. Dire que je suis en relation avec un proche défunt n’est pas fondamentalement différent de cette expérience des premiers témoins! »;

Pourtant, en dehors des textes sur la Résurrection, le Nouveau Testament ne dit rien d’une communication avec les défunts.

Pour L.B. le Nouveau Testament parle d’une communication avec les défunts: sur la route de Damas, Jésus crucifié se manifeste à Paul, vivant, par-delà le voile de la mort (Ac 9, 1-6) et le Credo mentionne la communion des saints; alors quand Samuel se fait voir et entendre, lui permettant de sentir qu’il vit autrement, pourquoi cacher la réalité?

Vous notez que les expériences de communication avec les défunts sont communes à l’humanité, au-delà des croyances.

Les expériences de communication avec les défunts sont communes à l’humanité, au-delà des croyances. En Afrique et en Asie, les ancêtres défunts, invisibles, sont présents. En Occident, nous nous sommes éloignés de cette perception.

Que dites-vous aux personnes endeuillées qui voudraient vivre de tels moments?

Je n’ai jamais désiré vivre ces événements, et je pense que le volontarisme enferme. À qui m’interroge, je réponds que nous recevons plus de signes de l’invisible que nous le croyons. Mais aussi que nos chemins sont divers.

L’expérience d’une relation avec un défunt “vivant” conduit-elle à Dieu?

Elle guérit de la peur de la mort et ouvre au mystère de Dieu. Mais Dieu est au-delà. Indicible.

 

G. Bécheret

ALO: PRÉSENTATION DES LIVRESAudio
23 janvier 2023

Atelier de Lectures Oecuménique 19 janvier 2023

Présentation par Claude Houssin du livre de Roger-Pol Droit :

“L’esprit d’enfance“

Fichiers-audio de la présentation: BONNE ÉCOUTE !

N° 1

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N° 2

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N° 3

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N° 4

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N° 5

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N° 5 bis

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N° 6

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N° 7

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N° 8

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N° 9

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N° 10

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N° 11

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N° 12

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N°13

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N° 14

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N° 15

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N°16

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N° 17

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N° 18

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N°19

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N° 20

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N° 21

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N° 22

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Esprit d’enfance

Roger- Pol Droit (RPD dans la présentation)

 

Pourquoi j’ai choisi de présenter ce livre ?

 

J’ai choisi de lire et de présenter ce livre à la suite de l’écriture par Gérard de son ouvrage : Enfants de la Bible qu’il a présenté très brièvement en juin dernier. Mais aussi parce que j’ai un amour passionné pour les enfants, pour le monde de l’enfance.

Dans le temps de travail sur ce livre, j’ai découvert l’importance du ET à la place du OU, du EN MÊME TEMPS à la place de SUCCESSIVEMENT.

Vous verrez également que RPD manie avec délectation les oppositions d’idées= les antithèses (il aurait beaucoup plu à V Hugo !) qu’il s’amuse à transformer en oxymores.

 

L’auteur

Présentation :

RPD est né en 1949 à Paris. Il nous apparaît comme un homme très sympathique, très accessible (vous pouvez le voir dans des vidéos sur Internet où il développe des sujets philosophiques).

Il a répondu à Gérard qui lui avait écrit un petit mot plein de respect et très amical.

Philosophe reconnu, chercheur au CNRS, enseignant, écrivain et journaliste chroniqueur au Monde des livres, aux Echos, au Point . Auteur d’une trentaine d’ouvrages de philosophie et d’histoire des idées.

Il a été conseiller du directeur général de l’UNESCO et membre du Comité consultatif d’éthique pour les sciences de la vie de 2007 à 2013. Ses travaux de recherche portent sur les représentations des autres dans la pensée occidentale, ce qui l’a conduit à étudier l’approche des doctrines indiennes et notamment la découverte du bouddhisme par les Européens.

Il a publié plusieurs livres d’initiation à la philosophie dont :

La philosophie expliquée à ma fille. 2004

Les religions expliquées à ma fille.2000

(Il aurait une fille qui s’appelle Marie)

Osez parler philo avec vos enfants 2010

Comment marchent les philosophes ?2016

Sa compagne (ou sa femme) serait Monique Atlan, journaliste et animatrice de télévision, avec laquelle il a écrit : Le sens des limites, Humain, L’espoir a-t-il un avenir ?

Il se dit agnostique :

« Je ne suis pour ma part ni croyant ni athée, mais profondément agnostique. Ce qui signifie que je suis convaincu que nous nous posons des questions sur l’infini, et sur le sens du monde, sans avoir les moyens d’y répondre. Mais c’est justement cette interrogation sans fin et sans réponse ultime qui nous fait humains. Tous les mythes, toutes les religions essaient de combler cet écart. Voilà pourquoi j’ai du respect pour les religions, même si j’en connais les travers : le fanatisme, l’intolérance, les saloperies. Elles recèlent pourtant un fond de richesses à la fois intellectuelles, spirituelles et morales, impossibles à négliger. »

« Si on ignore ce que croit son voisin, les malentendus s’installent.

S’il existe des désaccords insurmontables entre les religions, ce sont ces points de repère qui ouvrent la voie vers la tolérance, tellement indispensable. »

 

 

L’ouvrage

Structure

11 chapitres + 1 épilogue

Chaque chapitre commence :

1- par le récit d’un souvenir d’enfance imprimé en italiques.

2-Puis l’auteur propose un exercice. Il y a donc 11 exercices et je vous en proposerai quelques-uns.

3-Puis le chapitre se poursuit par un développement philosophique autour de l’EE.

Enfin, le livre se termine aussi par un dernier souvenir d’enfance.

 

Ch 1 – Défricher

1-Sulfur : évocation d’un presse-papiers ayant appartenu à sa maman.

 

2- Ex de définition : ça vous dit quoi, à vous, l’enfance ?

Si vous entendez ce mot, à quoi pensez-vous d’abord ?

………………………………..

Bonheur, joie de vivre, sourire, tendresse, douceur, jeux avec ma sœur, ma poupée ,imagination, insouciance, spontanéité, drôlerie du langage, câlins, caresses, bouquet de fleurs, photos en noir et blanc, beauté du couple papa maman , instant présent …

Cet exercice  était une marche d’approche vers cette énigme nommée « enfance »

 

3 Ce que RPD appelle Esprit d’Enfance (EE)

« Enfant », du latin « infans » signifie d’abord :  – qui ne parle pas,

                                                                            Donc – qui ne sait pas juger

                                                                                      -qui n’a pas d’accès à la raison.

Est-ce si simple ?

L’enfance n’est pas simplement un passé. C’est une dimension permanente de l’existence. D’où cette distinction entre l’enfance temporelle et l’EE que l’on ne quitte jamais.

Rompre avec sa propre enfance est une impossibilité. MAIS rien n’interdit de bouger, de travailler cette pâte, d’en transformer le sens (c’est ce que l’on fait souvent dans les thérapies)

Mais cette enfance-là n’est pas encore l’EE. Car l’EE est une huile essentielle.On peut avoir eu une enfance malheureuse et cependant parvenir à trouver dans l’EE des ressources pour toute sa vie. Car il  s’agit de discerner en elle des éléments universels qui permettent d’élaborer l’EE. Il faudra s’exercer modestement, pratiquer peu à peu l’EE comme on pratique un sport.

RPD tente encore de définir l’Enfance.

 Autour de l’Enfance, il y a les étonnements, les extases, cela ne passe jamais, cela se réinvente sans cesse.

L’EE est :

      – l’« esprit du débutant »(«  shoshin »selon les bouddhistes japonais ) = désir d’apprendre.

  • Un regard qui s’étonne, une sensibilité que les émotions submergent,
  • Du désir.
  • Une faiblesse et une force qui se conjuguent.
  • Un pays proche où tout retourne.
  • Le lieu de tous les contraires.
  • Une connexion innombrable des opposés.

 

Il faut EXTRAIRE cet esprit-là du flot des représentations concernant l’enfance. Dans l’histoire de la pensée, on a fait de l’enfance une infirmité mais aussi une plénitude. L’enfance a joué tous les rôles possibles selon les époques et les milieux.

LIRE p 25 en bas + note de Gérard

 

RPD souhaite inventer un chemin plutôt que reprendre les conceptions de l’enfance déjà scrutées par les sociologues, les psychologues, les ethnologues, les pédiatres, les éducateurs.

Philosophe au sens strict, il n’appartient à aucune discipline constituée. Il possède une forme de liberté car la philosophie n’a pas d’objet déterminé. Ce que le philosophe cherche, il ne le sait pas. Il le découvre en tâtonnant. C’est dans cette optique qu’il se demande :

–Qu’est-ce que l’enfance ?

-Peut-on en extraire l’esprit ?

Il évoque les conceptions différentes de Descartes, Rousseau, (avec ses contradictions , ce qu’il dit dans l’Emile et l’abandon de ses propres enfants ) Nietzsche, et constate que les enfants, assujettis d’hier sont ainsi devenus rois aujourd’hui.

Pareil basculement ne change pas grand-chose. Si l’enfance est passée de l’indifférence à l’obnubilation, c’est qu’elle continue à n’être pas suffisamment pensée. Il suggère donc que nous nous y exercions. ENSEMBLE.

 

Cet EE, de quoi est-il fait ? A quoi se reconnaît-il ? Est-il possible de le cultiver ?Dans quel but ?De quelle manière ?

L’auteur ne le sait pas.

Il ne détient pas le résultat avant le chemin. Il avance à tâtons, presqu’à l’aveugle. Il va recourir à ce que furent ses premières années, comme matériau d’exercices, comme il nous invite à le faire nous-mêmes.

Il n’a pas l’intention de forger une théorie de l’enfance parce que l’EE est en-deçà des concepts. Se soucier de cet EE va prendre plusieurs formes.

 

Ch 2 -Ne pas savoir parler

  • Lire Mica ou un extrait

 

  • Ex d’observation:

Vous voulez exprimer exactement la couleur de cette table, par exemple .

A vous. …………………….

 

Lire p40 : c’est de la poésie ! La poésie tourne autour du sujet, de l’idée.

Puis p 41

Voilà pourquoi vous êtes là, en silence. C’est aussi cela, l ‘enfance. Un monde sans paroles.

 

  • L’EE ne parle pas et dit tout

 

Pour les Latins, l’enfant est celui qui ne parle pas : « infans », contrairement aux Grecs : « teknon » : rejeton, pousse. Donc, l’enfance « infantia », est l’état de l’humain « hors langage » = le silence.

Elle est de l’autre côté des mots, dans l’incapacité de parler.

MAIS

Les cris, les pleurs, les rires, montrent combien l’enfance est sensible, incarnée, vivante. Sans paroles, elle a faim, soif, mal, envie, peur …Et elle le manifeste comme beaucoup d’animaux.

MAIS ceux-ci ne peuvent entrer dans l’univers du langage symbolique.

 Ne pas pouvoir parler alors qu’on le pourra un jour n’est pas du tout la même situation que ne pas pouvoir parler alors qu’on ne le pourra jamais.

Une différence décisive.

Les animaux sont nés « a-loga », disaient les Grecs.

 

Alors ce qui intéresse RPD, c’est la permanence en nous de cette enfance sans mots ni phrases.

Bien sûr, on dit que l’enfance- mutisme cesse avec l’acquisition du langage. Et pourtant, l’auteur croit que le mutisme de l’enfance persiste au sein de la parole, que nos discours sont habités d’un silence interne.

MAIS ce n’est pas un défaut.Car ce mutisme est moteur, car ce silence au creux des mots, c’est lui qui fait parler. Emportés par nos flots de paroles, nous oublions tout ce que les mots, jamais, ne peuvent dire.

Lire p 48, 49.

La cause de cette impuissance ? C’est que les mots sont des unités abstraites. Il existe donc bien une part de silence que nous ne supprimerons jamais.

Lire p 49, 50.

Mais cette impuissance n’est pas une lacune, c’est notre chance, notre force, notre impulsion à parler.En effet, parce que nous ne pourrons jamais DIRE le monde complètement, nous nous y efforçons sans cesse, nous nous approchons, nous essayons.

L’EE est sans paroles et c’est ce qui nous fait parler. Pour parler, penser, agir humainement, il faut cette dérobade interne du « logo ».

 

Ch 3   Parler sans savoir

 

  • Lire extrait de Thermophiles

 

  • Exercice d’inattention :

Essayez de vous souvenir d’un moment où vous avez prononcé cette phrase : » Ce n’est pas ce que je voulais dire » ………………….

Plusieurs situations possibles :

1-Cette affirmation est purement hypocrite. Vous saviez très bien ce que vous faisiez mais vous n’assumez pas : je suis fatigué, les mots ont dépassé ma pensée etc… Laissons cela.

2-Vous saviez clairement ce que vous vouliez transmettre mais la langue vous a trahi. Les mots se sont mis à dire autre chose que vous n’aviez pas prévu.

3-Ou bien les autres ont interprété vos propos à leur manière. Entre ce que vous vouliez dire et ce que les autres ont compris, l’écart s’est creusé. Il peut être lourd de conséquences.

 

Vous découvrez alors l’inattention qui nous constitue. C’est une situation d’enfance. Les enfants parlent mais parfois, leurs propos leur échappent, le sens de ce qu’ils expriment, souvent, habite ailleurs.

Durant des siècles, on a dit que les enfants, avant « l’âge de raison » disaient n’importe quoi. De même que les femmes, les fous, les Noirs, les nomades, les artistes, les visionnaires. Que cache cette inattention prétendument si répandue ?

Vous pourrez vous exercer à trouver des éléments de réponse :

Gérard :

-Cela cache la volonté involontaire de dire sans réfléchir pour être vrai.

-Cela cache la volonté d’exprimer le soi, le for intérieur unique.

-Cela cache l’intention inconsciente de faire résonner (raisonner) chez l’autre son propre for intérieur.

 

  • Et le ch 3 va nous aider.

 

                                L’esprit d’enfance parle sans savoir ce qu’il dit

 Que faut-il donc pour véritablement parler ?

Il faut un « à propos », une pertinence des répliques. Pendant longtemps, on a maintenu l’enfance à sa place. On disait que l’enfance, en parlant, faisait semblant. Oui, en effet, l’enfance n’habite pas du dedans sa propre parole. Cette remarque est juste mais il faut la retourner. Toujours et tout le temps, nous ne savons pas ce que nous disons et c’est ce qui nous fait avancer.

 Cette enfance déraison constitue une force, un trait vital de l’EE.

Freud a découvert que nous signifions toujours autre chose que ce que nous croyons exprimer. Les mots sont toujours plus complexes et plus riches de sens que nous ne le savons.

Ce que RPD appelle EE n’est pas seulement ce qui se tait dans ce que nous disons mais aussi ce que nous ne saisissons pas dans ce que nous croyons comprendre.

MAIS c’est un moteur plus qu’un obstacle. C’est que le sens déborde de toutes parts. Les poètes, les artistes, les conteurs, les romanciers savent cela et y puisent une part de leurs capacités à inventer des paroles neuves.

 

Ch 4 -Déraisonner

  • Lire Térébenthine.

 

  • Exercice d’illogisme :

Bien sûr, vous êtes adultes donc rationnels. Vous savez que le pied du meuble où vous vous cognez la nuit ne vous veut pas de mal

Vous riez si un enfant vous dit que la grosse boule de pâte à modeler roulée en forme de spaghetti a beaucoup moins de pâte parce qu’elle est plus fine, parce que les enfants parlent mais sans savoir raisonner. Et cela vous déconcerte, vraiment ?

Il ne vous arrive donc jamais de dérailler ? Regardez tout sous la lumière inverse. Quand vous vous cognez la nuit, l’idée que la table vous en veut ne vous effleure pas une fois ? Vous êtes absolument sûrs que les choses inertes ne semblent en aucun cas animées ? Cherchez bien.

Exercez-vous franchement à traquer cette part d’enfance dans vos fantasmes quotidiens. Vous verrez vite qu’elle est partout. Et vous comprendrez que ce n’est pas un défaut.

 

      –L’EE déraisonne, c’est pourquoi il fait penser

   7 ans, unanimement, constitue la charnière de « l’âge de raison ». C’est un moment important où se développent les capacités de mémorisation, de jugement, d’abstraction. Encore faut-il ne pas se tromper sur la signification de cet « âge de raison. » Ce n’est pas le terme de l’enfance, la fin du non-sens, de l’illogisme. Il en reste bien des schémas dans nos têtes. Il n’y a pas un AVANT et un APRES. Il arrive au mathématicien le plus aguerri de rêver de scènes logiquement impossibles. Et pourtant, c’est le même cerveau, le même psychisme qui forge démonstrations impeccables et rêves absurdes.

Si quelque chose de l’« enfance -déraison »ne cesse de nous habiter , c’est pour nous permettre de penser, de desserrer le carcan des déductions, de résister à l’étau de la logique. De même que le silence fait parler, que l’incompréhension fait comprendre, le choc d’un instant de folie pousse à la déduction.

L’EE est aussi le pays de l’absurde, des non-sens, l’autre côté du miroir.

Et RPD dit : « J’ai la faiblesse de croire que c’est là également que se nourrissent les hommes qui prétendent vivre sous le contrôle de la raison. »

 

Ch 5 Jouer sans fin

1-Lire Maillot : Pour l’enfant, le jeu est répétition et recommencement

 

2-Exercice de détachement :

Vous avez peur.

En quelques heures, vous allez jouer une partie essentielle pour la suite de votre existence ………………Je vous laisse réfléchir………………………………….

Un examen, une déclaration d’amour, un entretien d’embauche, de ce que vous allez dire, exposer au regard des autres, dépendra votre sort pour un long moment.

Il est possible d’atténuer cette peur : constatez simplement que ce que vous allez vivre est un JEU. Vous allez JOUER au candidat, à l’amoureux, au postulant à un emploi…Ce qui vous paralyse, en fait, n’est rien d’autre qu’un jeu. Et pourtant, c’est « pour de vrai »

Cherchez où passe exactement la frontière entre « nous jouons » et « nous ne jouons pas ». C’est difficile.

 

Voilà encore une situation où se tient l’EE.

           L’EE constitue un monde où le jeu est réel.

  • L’esprit d’enfance joue éternellement

Pour RPD, rien n’est plus bête que d’opposer jeu et sérieux. Car le jeu est le sérieux suprême. C’est l’activité humaine fondatrice de toutes les autres. Cette question est cruciale pour approcher l’EE.

Partout et toujours, l’enfance se joue. Mais en quel sens ?

En faisant éclater au grand jour la puissance créatrice de l’imaginaire, la gratuité suprême à quoi se reconnaissent les actes proprement humains. Dis-moi quelle est ta conception du jeu, je te dirai comment tu définis l’humain, le divin, la vie, le monde.

Qu’accomplissent les enfants quand ils jouent ? Une série de gestes fondateurs, ils imitent. Reproduire ce que font les grands, c’est une fonction primordiale du jeu. Voilà ce qu’est ma poupée, ce qu’elle peut faire, ce qu’elle devrait faire.

Car le propre du jeu est de créer du sens :  Voilà ce que je suis à présent, je suis la maman de ma poupée qui est mon vrai bébé.

« On dirait qu’on serait » … (Ex que je prenais pour expliquer à mes élèves le conditionnel) Que faisons-nous d’autre, devenus adultes ? On dirait que nous sommes … des banquiers, des professeurs, des artistes, des philosophes …

Ces activités sont aussi des personnages à incarner. On dira qu’ils sont graves mais cela n’enlève pas la part fondatrice du jeu. Car une autre face du jeu existe.

 

Le jeu est également fait de règles qui prescrivent à quoi l’on joue et comment.

L’erreur fréquente est de croire que l’imagination et la règle s’opposent. Mais l’écart est moins grand qu’on ne pense. Car il faut aussi des règles de base pour jouer à la poupée. La poupée est forcément censée pouvoir faire ou ne pas faire ceci ou cela. Le jeu de l’enfance se tient donc entre la spontanéité et la contrainte.

MAIS ce n’est pas vraiment « entre » car il s’agit plutôt d’une combinaison de caprices et de normes pour que se déploie le jeu, les deux se nouent.

En Inde, la pensée indienne englobe, sous la catégorie « jeu » des activités aussi semblables et dissemblables que les jeux de ballon et les exercices poétiques.  Là où nous mettons l’accent sur les différences qui séparent les jeux, les Indiens mettent l’accent sur ce qui les unit, l’activité ludique.

Celle-ci est constituée de gratuité, de liberté, d’autonomie. Personne n’est tenu de jouer.

Le travail obéit à la nécessité mais le jeu n’obéit qu’à lui-même.

La règle ne dit rien de ce que sera la partie. Il faut donc considérer le jeu comme un nouveau réel, toujours à réinventer. Ainsi fait l’Absolu en Inde. Le Brahman joue.

Dieu, si l’on préfère, joue à créer le monde, joue le monde.

 

 De ce jeu divin, plusieurs conséquences suivent :

Grâce au jeu, le monde perd de sa lourdeur, l’existence de sa gravité. Cela ne signifie pas que les souffrances s’évaporent mais dans cette optique du jeu divin, la texture de l’univers est celle de l’illusion. Celle-ci peut être conçue comme un voile trompeur masquant le réel. Mais elle peut aussi être considérée comme indépassable.

Dans la pensée indienne, ce voile devient alors la seule texture du monde. L’Absolu engendre le jeu de l’illusion.

Cette pensée est bien différente de la pensée occidentale. Finis les desseins de Dieu, le sens de la création, la cohérente histoire de la rédemption. Tout n’est qu’affaire d’enfance et de jeux. « All the world is a stage ». Shakespeare.

Même tragique, la pièce est une joie parce qu’elle est illusion.

Ce qui ne va pas sans difficultés car il arrive que le monde soit un cauchemar. Comment, dans cette nuit, parler de joie ? Si l’on rêve que tout le monde joue et qu’on joue à tout, où sont en ce cas, les jugements éthiques, l’existence du mal et du bien ?

L’enfance est donc aussi une force dont il convient de se garder.

Le jeu et la joie risquent de faire oublier le réel. Jouer nous transporte dans tous les sens du terme.

Le jeu nous trimbale, mine de rien, dans l’éternité. Car est éternel soit ce qui dure sans fin, soit ce qui sort du temps.  Et le jeu fait les deux. !

Tout ce qui est vrai du jeu vaut aussi pour l’EE.

Lui aussi est éternel, chaotique et solaire, répétitif et fluent.

 

Ch 6- S’émouvoir sans cesse

 

  • Kodak : L’auteur enfant se souvient de son petit camion jaune, Kodak, miniature., surmonté d’une bâche rebelle qu’il ne parvenait pas à fixer. Exaspéré par de multiples essais infructueux, un jour de colère, il a tout fracassé. Mais sa maman a récupéré le tout et, voyant la détresse de son fils, a résolu de lui montrer comment il fallait faire.« Tu vas y arriver ». Ce fut la phrase magique ! !       Lire bas de page 103 et suite.
  • Exercice d’émotion

 Pensez à une grande colère que vous avez éprouvée. Vous êtes en colère, hors de vous. Cela vous empêche-t-il de penser. ? Non, au contraire. Vous allez imaginer une riposte mais il se pourrait que vous jugiez différemment, une fois la colère tombée. Donc vous ne cessez pas de réfléchir quand vous êtes ému.

Maintenant ……l’inverse. Vous êtes en train de réfléchir, rien ne vous perturbe. Est-ce si sûr ? N’avez-vous pas envie de sourire ? Ou un sentiment de tristesse ne vous envahit-il pas?

Mais cette émotion ne vous empêche pas de réfléchir. Donc le calme de notre conscience n’est qu’une légende. Ce vernis de sérénité nous empêche de voir nos tempêtes intérieures, celles de l’EE.

 

3–L’esprit d’enfance rit-pleure

L’enfance rit parce qu’elle est insouciante, dit-on. L’enfance pleure parce qu’elle est fragile.

Ce n’est pas si simple. Ce qui est fou, dans l’enfance, ce n’est pas seulement la versatilité des humeurs, la bascule immédiate d’un état à un autre, c’est aussi la profondeur, la radicalité de cette immersion.

La joie des enfants est parfaite, complète. Elle habite le monde, infuse l’univers, submerge tout. Et leur tristesse est sans fond. Elle obscurcit toute leur existence.

Cette vie d’enfance est une succession de tsunamis, plusieurs fois par jour ou par heure. Vagues de rires, vagues de larmes, ce sont toujours des raz- de- marée. D’un moment à l’autre, tout est submergé par l’émotion nouvelle qui devient univers.

Les adultes connaissent rarement pareille violence, c’est à cela qu’on les reconnaît. Jamais tout entiers dans ce qu’ils éprouvent. Presque jamais engloutis par le flot des affects. Un dehors existe toujours, pour eux.

Avec l’enfance, ce n’est pas le cas. Il n’y aurait que des univers successifs, des mondes clos sur soi, de bonheur ou d’angoisse, de peur ou de calme… qui se remplacent à toute allure sans qu’on ne soit jamais sûrs, dans chaque monde, qu’il y en ait d’autres. (chagrin terrible de Léonie, quelques jours avant la rentrée scolaire).

Ce n’est pas à l’avantage de l’enfance. Si ému qu’on soit, mieux vaut ne pas être englouti. Le quant à soi de l’adulte constitue un progrès. Mais cette évolution n’est pas nécessairement une rupture. Si l’adulte raisonnable croit pouvoir quitter à jamais l’enfant qui rit et pleure, il se trompe. Pire, il s’égare !

C’est ici, exactement, que se tient la différence entre Enfance et EE.

Enfance = la réalité vécue des jeunes années.

EE = ce que nous pouvons en extraire, pour l’utiliser tout au long de notre vie, en toutes circonstances.

Pas question de regretter le temps des rires et des pleurs submergeant tout.

Pas question non plus de se glorifier d’être devenus stables, il s’agit au contraire de tout combiner sans hiérarchiser. Il convient donc de se nourrir des émotions sans s’y noyer.

Apprendre à combiner âge adulte et EE.

Les rires stimulent la pensée, ils la tonifient. Il en va de même des larmes et de la tristesse. Qu’on cesse donc d’imaginer que le flot des émotions est indépendant de la pensée. Ce n’est qu’un même processus.

« Ris, pleure, et ainsi pense », dit l’EE.

 

Ch 7 – S’abêtir divinement

 1– Le salut de l’ange

Lire un extrait

2-Exercice d’incompréhension

Essayez de ne plus penser ……………….. C’est impossible. (Il faut appeler Pierre, demander un RV à Jacques etc…) Jamais vous ne parviendrez à stopper le flux totalement.

Ce que nous pouvons faire le mieux, : ne plus adhérer, cesser de nous inclure dans nos propres pensées. Regarder passer les rappels de RV etc…, sans s’y attarder, sans comprendre.

Tenter de cesser de comprendre est un exercice d’enfance.

Ne pas comprendre, pas bien ou pas du tout ce qu’on voit, ce qu’on entend, ce qui se passe, c’est le lot commun des enfants.

Observez bien ces moments de flottement, vous commencerez à saisir que la bêtise est aussi une manière d’être qui nous est naturelle. Il serait temps de vous entrainer à voir la bêtise autrement, comme une ressource possible, un continent à explorer, une modalité de l’esprit à expérimenter.

Bête comme Dieu

Il faut le répéter : « enfance » est le nom d’un espace énigmatique.

Les contraires s’y rejoignent. L’inversion des signes (rires et pleurs, peur et courage, patience et rage …) dévoile une vérité ultime du statut d’enfant.

Tout ce qui, habituellement se distingue, dans l’espace de l’enfance, s’articule en silence.

Si on l’observe mieux, l’enfance est vraiment toute puissance absolue, vie infinie, indicible grandeur.

Une scène populaire du panthéon indien le rappelle de manière frappante et simple.

 La mère de Krishna ( divinité centrale de l’hindouisme, le 8ème incarnation de Vishnou) ( Vishnou, Brahma et Shiva sont la triade nommée « trimurti », son rôle est de préserver l’univers et pour cela il s’y manifeste par des avatara( incarnation d’une divinité sur terre) chaque fois que l’ordre universel est troublé )dorlote son bébé… Soudain, il ouvre la bouche .Elle voit alors dans la bouche grande ouverte de son fils …des étoiles, des galaxies en nombre infini, un ciel sans fond, le cosmos à perte de vue.

Dans cet enfant languissant, d’un coup, l’univers se montre. La mère comprend que son fils est dieu.

Nous pouvons entendre, dans ce récit, que l’enfance contient en elle un principe d’infini, sans commune mesure avec l’apparence démunie des enfants. Derrière la bêtise, un esprit sans limites ? Comme dans la gorge du nouveau-né, la voûte céleste. C’est une hypothèse. Folle, évidemment. Raison de plus.

« Laissez venir à moi les petits enfants ».

Cette phrase du Christ est célèbre. On pense habituellement que les enfants seraient préservés du mal, innocents. Contre cette représentation, le catholicisme dut inventer, pour maintenir le dogme de la chute, le mythe du péché originel. Parce qu’ils semblent exempts de tout mal, les enfants ont dû être imaginés comme coupables avant même d’avoir fait quoi que ce soit.

Alors pourquoi cette attitude du Christ ? Il convient d’inverser notre regard : se dire que ce n’est pas l’enfance qui est divine, c’est le divin qui est enfantin.

L’Inde, en inventant le lîlâ, le jeu divin, nous l’a fait en partie comprendre. Dans la pensée indienne, lîlâ signifie le « jeu », la pièce de théâtre, ou le drame. Lîlâ, c’est le jeu de la vie. La Vie n’est finalement qu’un immense jeu, une danse cosmique chorégraphiée par les dieux en somme. Le monde est un jeu et nous en serions les jouets, les jouets des dieux ???

Mais le christianisme, en inventant l’Incarnation, entraîne d’autres conséquences. Il convient de les mesurer non par souci religieux mais pour approfondir l’EE.

Nous avons fêté la naissance du Christ il y a 3 semaines. Il est bon de nous remettre face à ce mystère. Dans l’histoire de Dieu fait homme, devenu enfant pour devenir homme, une vertigineuse folie mérite attention. Qu’on y croie ou non…

C’est un immense scandale. Nous en avons oublié l’intensité. Il faut en raviver la perception. Car rien, dans les définitions respectives de Dieu et de l’enfance, ne semble compatible.

Dieu est infini, l’enfant est éphémère.

Dieu est divin, l’enfant est humain.

Dieu est toute-puissance, l’enfant toute faiblesse.

Dieu est omniscient, l’enfant ignorant.

Dieu est verbe, parole, raison, logo . L’enfant est sans parole, muet, dépourvu de raison.

 Ce n’est donc pas un contraste mais une absolue contradiction.

L’enfant Jésus semble donc une impossibilité vivante, à la fois inconcevable et réelle, si l’on admet qu’il est vraiment Dieu et vraiment enfant.

La folie de l’incarnation, la folie de la croix, ont été soulignées par les chrétiens eux-mêmes.

La folie du Christ enfant moins souvent. Personne sans doute ne l’a mieux exprimé que Pierre de Bérulle, cardinal catholique du 17 -ème siècle, théoricien de l’absolutisme, mystique et homme de pouvoir, qui a saisi avec la plus vive acuité les conséquences paradoxales de l’incarnation de Dieu en enfant.

 Car il ne suffit pas d’imaginer que l’esprit se fasse chair, limite sa toute-puissance, s’abaisse à s’enclore dans une enveloppe humaine. Avoir été enfant, longtemps, banalement, normalement, porte à son comble le scandale et la folie de l’incarnation divine.

Pour Bérulle, l’enfance est sale et vile : elle naît dans le sang, les excréments et la sueur.

Pour se faire homme, Dieu s’est incarné jusqu’au bout, si l’on ose dire, en se faisant enfant. Embryon, fœtus, nourrisson. Corps faible, impuissant, dépendant. Et incapable de penser. Dépourvu de parole, de savoirs, d’horizons.

Le verbe divin s’est rendu lui-même incapable de parler.

L’entendement divin s’est soumis lui-même à l’incompréhension, à la confusion, au trouble ! ! Voilà l’impensable !

Car il n’est pas question de supposer un dédoublement. Inutile de postuler que le Christ enfant conserve l’entendement divin, infini et omniscient.

On serait alors dans un cas de figure analogue, « mutatis mutandis » à celui du dieu Krishna au berceau : en apparence un bébé, en fait un dieu avec l’univers au fond de la gorge.

De même, selon la légende, le Bouddha à peine né se dirige-t -il vers les 4 points cardinaux en rugissant : « C’est ma dernière naissance. » Ce nourrisson marche déjà, parle déjà, proclame son destin, se montre conscient de son histoire.

Rien de cela ne vaut pour l’incarnation chrétienne. Si Dieu s’est fait homme, donc enfant, il faut aller jusqu’au bout : Dieu lui-même a tout oublié de ce qu’il est, de ce qu’il veut, de ce qu’il sait, peut et doit… Jésus enfant ne sait pas parler, et doit apprendre, il n’a pas de raison, il doit attendre.

Il s’ensuit des conséquences étranges… en devenant enfant, Dieu devient bête. Il bave, tête, rote, vomit, s’endort, pisse sur lui. Surtout, il ne pense pas à grand-chose. Il est traversé d’émotions sans suite, d’hallucinations, de moments d’hébétude. Dieu, enfant, est idiot.

Ne croyez pas que je me moque, dit RPD. J’évoque, à la suite du cardinal Bérulle, l’insondable énigme de la toute-puissance se faisant impuissance. Je n’évoque ce vertige que pour parler de l’EE.

Pour saisir ce que l’on peut extraire de la situation du Christ enfant, pour élaborer l’EE, il convient de renverser la perspective : ce n’est pas Dieu qui est bête, muet, ignorant. Ce sont la bêtise, le mutisme et l’ignorance qui sont à considérer comme divins.

« Père, je te rends grâce parce que tu as caché tout cela aux savants et tu l’as révélé aux tout petits. »

Au lieu de « Dieu se fait idiot »  supposer que «  l’idiotie se révèle divine »

Et si les faiblesses, incapacités, limites et manques de l’enfance étaient aussi d’infinies puissances. ? !!!!

(St Paul : quand je suis faible, c’est alors que je suis fort . »

La part de la bêtise, de l’inintelligence, de l’égarement hébété n’est pas une part maudite. Ce n’est ni le pays du diable ni le désert de l’âme. Juste une autre face de l’esprit que j’appelle aussi EE et dont je persiste à croire que nous pouvons encore attendre d’étranges surprises.

Ch 8 – Errer toujours

  • Lire Métal rouge p 135
  • Ex de mobilité :       Vous sentez-vous immobiles en ce moment ? En fait, vous n’êtes pas sans mouvement. Au contraire, les mouvements sont en vous très nombreux : votre cœur bat, votre sang se meut dans vos artères et vos veines, vos côtes s’ouvrent et se rétractent pour inspirer-expirer, vos yeux se déplacent. Donc, à moins d’être mort, nul n’est immobile absolument. Mais chacun, d’habitude, n’est pas conscient de tous ces mouvements.

Là où RPD complique les choses, c’est qu’il dit qu’en bougeant pour aller d’un lieu à un autre, on demeure pourtant fixe :

 Mon projet d’aller quelque part ne bouge pas. Ma résolution reste toujours la même. Mon humeur ne va pas se métamorphoser.

La difficulté où nous sommes en train de plonger est qu’il existe toujours dumouvement dans l’immobilité et de l’immobile dans le mouvement.

Cette interrogation est l’une des plus anciennes et ce n’est pas sans lien avec l’enfance.

Parce que nous sommes tout d’abord immobiles, incapables de bouger, fût-ce de nous asseoir. Savoir ce qui bouge et ce qui ne bouge pas est une question originaire.

Plus décisive serait la perception du mouvement, charnière secrète entre immobilitéet déplacement.

 

L’esprit d’enfance est sédentaire et nomade

 L’EE aime plus que tout s’ancrer en un lieu, s’agripper à des repères fixes, toujours identiques.

Savoir que le monde demeure, rien n’est plus rassurant. Alors que tout fluctue, la récurrence forme un repère.

L’ancrage, le point fixe, le principe sont sous nos pieds : sol, terre, humus, roc.

Qu’on voie le ciel et tout change. Le ciel rend nomade. Le ciel fait errer. Il détache de la terre, empêche de moisir, d’y pourrir sur pied. Voir le ciel, se mettre debout et marcher , voilà ce que font les enfants , dans le temps du devenir humain. Si rien ne les arrêtait, peut-être voleraient-ils sans cesse, sans bruit, sans frein, amis des nuages…Car nous errons toujours… Il n’existe pas d’arrêt.

 

L’EE doit intégrer cette tension perpétuelle entre arrêt et errance.

Il existe une joie de se perdre…L’EE contient ce principe de mouvement qui fait avancer toujours plus loin, indéfiniment. Mais il serait faux et fou de croire qu’en allant toujours plus loin, on progresse vers quelque but ultime. C’est pur mirage. Plus loin signifie « ailleurs », encore et encore.

 

Ch 9- Réinitialiser

1- Dissolvant :

Allongé dehors, l’auteur enfant regarde le ciel. Un jour gris de préférence. Rien à voir. De l’indéfini, qu’aucun cadre ne borde. Seulement du gris, que rien n’arrête ni ne trouble.

Mais le trouble qui s’ensuit est indescriptible.

« Face au ciel, je me suis souvent demandé si j’existais. Je suis désagrégé, défait, fondu, dans cette immensité. Impression de ne plus savoir si je regarde le ciel ou si c’est lui qui me contemple., aucune de ces hypothèses ne pouvant convenir. »

« J’ai appris, au cours de ces jeux, qu’on regarde toujours le ciel pour la première fois. Rien ne s’y inscrit jamais . Il est sans trace, sans mémoire, toujours dans la fraîcheur du moment initial. »

2-Expérience de rafraîchissement

« Réinitialiser, rafraîchir », dans le langage informatique, ont en commun un processus analogue : repartir à neuf, effacer l’étape précédente, commencer à nouveau, comme si l’histoire ancienne n’avait pas eu lieu.

Essayons de nous rafraîchir, au sens digital du terme. Nous avons beaucoup de mal à y parvenir. Notre mémoire, notre affectivité, nous handicapent. Nous ne parvenons qu’à des formes partielles et fragiles de rafraîchissement.

L’EE, au contraire, y parvient aussi facilement qu’il respire.

3-L’EE est commencement

On dit des enfants qu’ils sont faciles à émerveiller. Un rien les transporte.

 Cette fraîcheur, il faut l’interroger. La raison de leur émerveillement spontané réside dans leur situation de débutants. Tout ce qu’ils éprouvent, c’est pour la première fois.

La surprise ne serait donc pas liée à leur sensibilité plus vive, mais à leur place dans le temps de l’expérience. Ce qui compte, c’est la découverte initiale.  Avec les répétitions, tout s’émousse. La lumière s’atténue, le goût s’affadit, le toucher s’endort.

Pourtant, les enfants aiment la répétition. Ils veulent les mêmes histoires, les mêmes jeux. Ils prennent un vif plaisir à recommencer, sans se lasser. Pourquoi ? Distinguer entre « répétition » et réitération » s’avère nécessaire.

Ce que veulent les enfants, c’est bien le recommencement mais le recommencement de la première fois.

Si nous voulons que s’aiguise le tranchant du monde, il faut retrouver partout le vif éclat des premières fois. Faire en sorte que chaque répétition devienne une réitération, une première fois.

Par exemple, respirer pour la première fois, toujours. Dormir, s’éveiller, manger, boire, toucher une peau pour la première fois, toujours ( Chanson : « tu peux m’ouvrir cent fois les bras, c’est toujours la première fois. »

Dire que c’est très difficile, oui. Mais l’EE, lui, est l’esprit de la première fois. C’est ainsi que créent les artistes. La création est un début qui n’en finit pas, qui se réitère et se réinitialise indéfiniment.

C’est ainsi que font les philosophes. Ils s’étonnent. Jankélévitch affirme que « philosopher revient à considérer le monde comme si rien n’allait de soi. »

Lire p 156, 157

Le premier moteur de la philosophie, en ce sens, est bien l’EE. Un rafraîchissement du premier regard.

Le mot « philosophie » peut s’entendre en deux sens, correspondant aux traductions possibles du terme grec :

  • « Amour de la sagesse » et l’on aura de la philosophie l’image d’une discipline qui tend vers la sérénité des vieillards
  • Soit « désir de savoir » et ce qu’on cherche n’est plus derrière soi, et n’est détenu par personne, mais demeure à découvrir.

Philosopher, de ce dernier point de vue, , c’est toujours commencer ,se placer en situation inaugurale, rompre avec les certitudes .

Voilà pourquoi l’EE , comme la philosophie, est une histoire qui n’en finit jamais de commencer.

 

Ch 10- S’extraire du temps

  • Bouddhas : L’auteur, vers 2 ou 3 ans, a habité l’appartement d’un vieil ami de la famille, ancien consul de France en Chine. Cet appartement était saturé de bouddhas, des grands, des petits, de partout. Et l’auteur se demande s’il y a un lien entre ce décor d’enfance et le fait que, 30 ans plus tard, il soit devenu spécialiste du bouddhisme.
  • Exercice d’éternité :                                                                                                                                                                                                 Quel âge avez-vous ? Vous le savez, c’est sûr ! Mais c’est un savoir du dehors.                                                                           RPD nous dit que personne ne peut ressentir qu’il a exactement 27, 34 ou 72 ans. Notre âge nous est extérieur. Si vous avez un âge, votre conscience, elle, n’en a pas. Elle se tient hors du temps. Or, ce qui est hors du temps, c’est, par définition, ce qui est éternel.                                                                                                                                                                                Cette sortie du temps n’est pour nous jamais complète ni définitive. Notre conscience est hors du temps et dans le temps, éternelle et éphémère.                                                                                                                                                                  L’enfance connaît cette double face : fascinée par les anniversaires, l’apprentissage du temps (Quel âge as-tu ?), la découverte des générations, et d’autre part insoucieuse des heures, des jours, et des dates.

L’EE conserve cette ambiguïté.

  • Le dehors du temps réside en lui

Une vieille âme peut se cacher dans un esprit enfantin, ou bien un esprit d’enfant dans un corps de vieillard. L’EE n’appartient effectivement ni aux enfants ni aux vieillards. Il les traverse et les rassemble.

L’EE est trans temporel. Nous avons, nous autres, au sujet du temps, des vues fausses ou approximatives. Nous croyons que rien n’échappe à son écoulement. Mais ce n’est pas le cas. Il existe des exceptions à son écoulement universel dont l’enfance fournit des exemples. :

Des souvenirs anciens reviennent intacts : scènes, images, sensations sont là , soudain, venues d’on ne sait quel couloir du temps . Quand on scrute ces allers-retours passé-présent-futur, on se convainc vite de l’existence de plusieurs types de temporalités mais aussi de l’existence d’un « hors -temps » qu’il est difficile de comprendre.

Les choses, les objets, sont dans ce cas, mais aussi, une part secrète de notre conscience. Nous ne prêtons que bien peu d’attention à ce qui nous fait vivre une autre dimension, hors temps. Pourtant, chacun remarque combien les enfants ont très peu conscience du temps. Ils ne savent jamais quand on arrive, (c’est quand qu’on arrive ?) ni comment le temps passe, ni combien durent les jours parce qu’ils sont tout à leurs jeux ou à leurs rêves.

Or, ces activités ne sont pas principalement investies d’une conscience du temps. Au contraire, nous avouons tous « ne plus voir le temps passer », dès que nous jouons, heureux, oisifs, captivés. Si ce n’était pas le cas, il ne serait pas possible de se rendre neuf, de rafraîchir notre regard.

L’étonnement, déclic de l’EE, point de départ de la philosophie, geste initial de toute création, implique une certaine forme de sortie du temps, de rupture avec la succession des instants.  Quelque chose comme un chemin de traverse, un passage au-dehors.

L’EE est lié à un désaxement du temps. Il faudrait se représenter l’existence comme un flux temporel qui lui échappe. Parce que l’EE se tient comme transversalement dans le temps, il n’est ni jeune, ni vieux, ni au début ni à la fin.

Les enfants ont des âges, l’EE n’en a pas.Nous naissons, grandissons, déclinons et mourons. L’EE, lui, demeure immuable, inaltérableet irreprésentable.

 Ainsi est Dieu ? se demande Gérard

11- S’extraire de soi

  • Zorro : lire un extrait pour aboutir à la question de la sauvagerie. Comment se venger ?

 

  • Exercice de sauvagerie :

En principe, vous ne coupez pas vos voisins en morceaux, vous n’aimez pas trop le sang, les cris, les détresses. Bref, vous êtes comme tout le monde. Mais comme tout le monde aussi, vous ne pouvez pas être sûr de ce que vous feriez sous l’emprise de l’alcool ou d’une drogue, ou incité par une idéologie. Etes-vous assuré de ne pas tuer, faire souffrir et y prendre plaisir ?

Vous n’avez pas de certitude concernant votre propre sauvagerie. Il se pourrait que vous y résistiez mais il se pourrait aussi qu’un raz de marée vous submerge et que cèdent les digues.

C’est ce que RPD nous invite à méditer.

« Ça m’a mis hors de moi, » dit-on couramment. Parce qu’un certain dehors réside déjà dans notre intériorité : de l’inhumain dans notre humanité, de la sauvagerie dans notre civilité. Pour pouvoir être mis « hors de soi », il faut être déjà en partie extérieur à soi-mêmeau-dedans. Si ce n’était pas le cas, rien jamais ne pourrait nous faire « sortir » de nous-mêmes.

Question subsidiaire :

Les enfants sont-ils « en eux-mêmes » ou « hors d’eux-mêmes » ? Quand y entrent-ils ? L’EE est-il en nous ? Hors de nous ? Les deux ?

 

Gérard :

Dieu est-il en nous ? Hors de nous ? Les deux ?

Dieu est-il hors de lui ? « Le Père est en moi et je suis dans le Père ».

Et quand Dieu est hors de lui, est-il le diable ?

 

  • L’EE est sans innocence

 

Angélique ou démoniaque ? Selon votre réponse, on va se classer dans l’angélisme ou le satanisme ?

RPD nous propose de penser les deux versions à la fois.

 

Qu’est-ce qui nous a conduit à voir le mal dans cette chair qui vient de naître, qui ne parle pas, qui pense à peine ? Cette chair qui n’a rien fait, il a fallu la reconnaître déjà fautive, déjà coupable, déjà pécheresse, supposer qu’elle a fauté avant que de vivre !

… Admirable corruption de l’innocence ! Car elle instaure un monde sans aucune autre issue que le salut chrétien.

 

Contrairement aux conceptions de Rousseau et de Freud, qui sont bien sûr opposées, nous avons intégré depuis longtemps la coexistence des deux pôles. L’enfance est à double face. Nous croyons savoir qu’elle est en même temps innocente et perverse. Mais nous avons du mal à concevoir cette paradoxale coexistence. Et nous oublions de considérer cette question :

L’EE ne serait-il pas ni innocent ni coupable, ni bon ni mauvais ?

Cela nous conduirait à l’idée qu’il ne réside pas vraiment en lui-même. Qu’il est toujours, pour une part, hors de lui.

Qu’est-ce que cela veut dire ?

 

Observons les enfants.

Ils sont le plus souvent « en dehors d’eux-mêmes ». Ils sont dans ce qu’ils font. Ce qui leur importe est ce qu’ils vivent, investis tout entiers dans ce qui se passe.

 

Alors que ce qui caractérise le devenir adulte est le retrait dans une intériorité protégée, le repli sur un dedans clos. Eviter si possible de se retrouver « hors de soi », sans contrôle. Sinon, on tombe dans la folie.

 

Alors RPD croit qu’il est possible et utile de jouer avec ce feu, de s’extraire de soi comme on s’extrait du temps, de manière partielle.

 

L’EE cultive donc une ligne du dehors au cœur de l’intériorité.

 

On échappe ainsi à l’innocence comme à la culpabilité ! Parfois !

 

Epilogue- L’art du déséquilibre

 

Quand l’EE est entrevu, tout commence. L’essentiel est ce que nous pouvons en faire.

 

 Nous venons de voir que l’enfance s’est révélée

Passée et permanente,

Présente et absente,

Muette et bavarde,

Grave et folle,

Joueuse et sérieuse,

Enjouée et désespérée,

Temporelle et hors du temps,

 Immobile et en mouvement,

Divine et démoniaque,

Temporelle et hors du temps,

En nous et hors de nous,

Proche et étrangère …

 

Comment tout cela peut-il nous permettre de vivre ?

Soulignons que l’EE, qui d’abord déconcerte, est aussi stimulant et fructueux. 

Toutefois, il manque encore une règle de bon usage.

 

La voici :

Seul un déséquilibre permanent fait avancer. Cette règle fait partie des rares certitudes que l’auteur a peu à peu acquises.

Pour marcher, physiquement, avancer debout, un pied devant l’autre, nous devons nous déséquilibrer, amorcer une chute et la rattraper, en provoquer une autre et l’interrompre …indéfiniment. Pas de marche ni de pensée sans déséquilibre entretenu, contrôlé, toujours relancé.

 Pas d’action non plus, sans déséquilibre. Agir implique de quitter l’immobilité, de prendre des risques.

Vivre consiste en une rupture d’équilibre.

 L’art du déséquilibre réside tout entier dans ce mouvement de déstabilisation et de rétablissement.

Cet art du déséquilibre suppose donc de marcher avec un pied dans l’EE, l’autre dans l’esprit de maturité.

Si nous voulons avancer, simplement vivre vraiment, alors il nous faut jouer, pas à pas, entre l’EE et l’esprit de maturité, les choisir alternativement l’un contre l’autre, les équilibrer et les déséquilibrer constamment l’un par l’autre.

 

L’art du déséquilibre consiste à vivre avec l’EE aussi bien que contre lui, pour avancer grâce à ses forces sans être dérouté par elles. A peu près comme on navigue contre le vent.

Ecouter dans une phrase ce qui se tait autant que ce qui se dit,

Discerner dans une tragédie ce qui est comique,

Repérer dans une déduction ce qui est arbitraire,

Sentir dans le temps ce qui ne passe pas,

 Percevoir dans l’humain, l’inhumain…

 

Ce sont des repères pour pister l’EE.

 

Tels sont les premiers principes. A chacun, en les suivant, d’inventer jour après jour ses itinéraires.

 

BON VENT à TOUS !!!

 

C. Houssin

ALO: PRÉSENTATION DES LIVRES
15 décembre 2022

Atelier de Lectures Oecuménique du 8 décembre 2022

Françoise Pelon présente le livre d’Antoine NOUIS: Nos racines juives. (Edition La Procure 2018)

nos racines juives
ALO: PRÉSENTATION DES LIVRES
22 octobre 2022

Atelier de Lectures Oecuménique du 20 octobre 2022

Geneviève Guyot présente le livre de Kahina BALHOUL: Mon Islam, ma liberté. (Edition Albin Michel 2021)

En complément, un document présente la mosquée Fatima, association cultuelle  créée par cette Imame.

Préalable : Je ne suis pas une spécialiste de l’islam ; j’ai lu et découvert avec beaucoup d’intérêt ce livre qui m’a appris beaucoup de choses sur cette religion dont la perversion par des fondamentalistes violents est dénoncée fortement par l’autrice. Elle revient aux sources de sa religion et adhère à la spiritualité soufie qui donne la prépondérance à l‘attitude intérieure, à la recherche de la connaissance de Dieu qui se traduit au quotidien par des actes d’amour. Elle fait une large place à la pensée du philosophe soufi Ibn Arabi dont elle cite de larges extraits dans ce livre. J’ai repris seulement ce que j’en ai compris. J’espère ne pas avoir trahi sa pensée ?

1. Biographie

Kahina Bahloul est la 1ere femme imame en France.

Elle est née en 1979 d’un père kabyle et d’une mère dont les parents étaient l’un français catholique et l’autre juive polonaise. Elle a grandi en Algérie dans sa famille paternelle. Elle était adolescente pendant les années noires de terreur (1991-2002). Adulte, elle vit en France et à 30 ans après le décès de son père elle traverse une crise existentielle et découvre la littérature et la philosophie soufies ; ce fut une révélation.

Elle dit : « C’est dans la spiritualité que j’ai trouvé le vrai sens du message prophétique et coranique ; je ne l’ai trouvé que parce que j’ai erré, douté, questionné ; cela fait partie du chemin ; sans le doute, aucun processus de recherche ne peut être entamé…il renouvelle la foi et la garde vivante et en mouvement … »

Elle devient alors spécialiste de l’œuvre du mystique andalou soufi Ibn Arabi (Murcie-1165/Damas-1240). Elle affirme qu’il faut se réapproprier sa religion après en avoir été dépossédé pendant plusieurs décennies par des idéologies intégristes et fondamentalistes.

Elle s’engage après les attentats de 2015 et fonde en 2019, à Paris, avec des amis musulmans libéraux la mosquée « Fatima » ouverte à tous, hommes et femmes, et aux non-musulmans.  Son collègue imam Faker Korchane y alterne les prêches avec elle.

 

2. L’islam de ses origines

En Algérie elle a vécu l’islam de l’intérieur. Son père et ses grand ’parents paternels le lui ont transmis dans son enfance en Kabylie dans un environnement rural authentique. Pour eux le lien à Dieu s’expérimente et se vit à chaque instant. Ils étaient issus d’une famille maraboutique descendante d’un « wali » (saint musulman) ; cette culture était imprégnée de mystique soufie : chaque individu est responsable et tend à tout moment à réaliser le bien et à lutter contre le mal.

Le saint occupe une place centrale ; il est un être humain accompli et relie le monde terrestre au monde céleste.

Le soufisme s’est développé pendant plus de mille ans au Maghreb dans des voies initiatiques diversifiées au cours d’échanges entre Moyen-Orient et Occident.

A l’école Kahina reçoit un enseignement religieux jusqu’au bac.

Très jeune, elle a une conscience aiguë de la valeur de la liberté et du combat pour sa conquête. Pour cela elle a engagé un travail de transformation intérieure profonde.

Son père avait fait des études supérieures en Algérie et avait fait un temps de la prison pour avoir défendu avec des amis étudiants, l’identité et la langue berbère. C’est pourquoi il avait choisi le prénom « Kahina » pour sa fille. « La Kahina » est une figure mythique de la résistance à l’oppression de la fin du VIIe siècle : reine, prêtresse et guerrière, elle avait lutté jusqu’à la mort, l’épée à la main, contre l’invasion des Arabes Omeyades.

Kahina Bahloul affirme : « Tout peuple a besoin d’un récit fondateur. Plus un arbre est enraciné dans la terre où il a germé, plus il est fort et mieux disposé à épanouir ses branches et ses feuilles vers l’extérieur. Mieux un individu connait son histoire et celle de ses ancêtres, plus il est solide et capable de s’ouvrir à l’altérité qui l’entoure. A l’inverse, la fragilité née du sentiment d’être un déraciné amène le repli sur soi car le monde extérieur est sans cesse perçu comme un danger potentiel. Ce sentiment explique en partie le besoin ressenti par certaines jeunes personnes de vouloir se protéger de l’altérité en adoptant un comportement de fermeture et de repli. »

 

3. Un peu d’histoire

En Afrique du Nord, les berbères ont repris le pouvoir après la conquête arabe dès le Xe siècle. 1ere dynastie : Les Zirides ont fondé Alger.

XI e siècle 2e dynastie : les Almoravides (1055-1145) période de progrès culturels, sociaux, politiques et religieux.

aux XIIe et XIIIe siècles Les Almohades ( 1147-1269)  puis les Mérinides( 1248-1465)

 Ils ont régné jusqu’au XVIe siècle sur le Maghreb et l’Espagne.

1979 est l’année de la naissance de Kahina Bahloul et c’est l’année où en Iran Khomeiny a pris le pouvoir. Les religieux ont la haute main sur le politique. C’est la montée de l’islamisme radical et des tensions identitaires.

« En Algérie un déficit de maturité politique et sociale après 17 ans d’indépendance était et reste encore à conquérir. »

 

4.  Pour une réforme aujourd’hui

L’islam dans sa réalité est d’abord une spiritualité, une sagesse qui alimente la foi de milliers de personnes dans le monde avec pour but de trouver la paix en eux-mêmes et la voir advenir dans le monde.

La pensée réformiste musulmane existe depuis le 19e siècle (et même au 17e). Mais ce courant n’a pas rencontré le même succès que le fondamentalisme, le soutien financier des monarchies pétrolières lui ont fait défaut.

Il y a deux mouvements réformistes : ceux qui voient en l’autre une source d’enrichissement et d’inspiration et ceux qui y voient un risque de corruption et veulent faire revivre un âge d’or fantasmé de l’islam (wahabisme, salafisme etc…)

Les pensées éclairées de l’islam sont méconnues en Occident. Un penseur comme l’Egyptien Nasr Abu Zayd (1943-2010), professeur au Caire a dû s’exiler ; il poursuivait deux buts : reconnecter les études coraniques avec la critique littéraire et définir une compréhension objective de l’islam.

Les musulmans méconnaissent leur religion car c’est une religion de la modernité, de culture. Mohammed Abduh (1849-1905) est le père de la pensée islamique moderne. Il dit : – « retournons aux sources et tentons de comprendre notre religion à nouveau ». Le professeur universitaire kabyle Mohammed Arkoun (1928-2010) est le père de l’islamologie appliquée. Il cherche à renouer avec la tradition des penseurs libres en Islam. Il récuse toute manipulation des textes religieux à des fins idéologiques. Il insiste sur l’importance de voir la religion comme un espace socio-historique dont la connaissance doit passer par les sciences humaines et sociales.

Dans les débuts de l’islam, fin 8e s., les divers savoirs religieux étaient animés d’un fort dynamisme ; en particulier, on octroyait aux savants de cette époque une immense liberté leur permettant de décider que tel ou tel verset coranique n’avait pas de valeur juridique par ce qu’il avait été abrogé par tel autre verset. Cette liberté de l’abrogation a ensuite été bridée…

Au cours de l’histoire on voit que chaque fois que la religion a été instrumentalisée par le pouvoir politique, cela a abouti à des conséquences dramatiques sur le plan humain et au dévoiement du message spirituel sur le plan religieux.

Renouer avec l’usage de la raison et la libre pensée sont des recommandations du Coran. Le courant libéral a pour objectif une double harmonie : harmonie avec le sens de la révélation coranique et harmonie avec l’esprit de notre époque.

Nous devons proposer une réforme de la pensée dans différents domaines de la théologie, de la jurisprudence, de la philosophie et remettre la spiritualité et la mystique au cœur de notre vécu religieux.

Des réformes sont nécessaires : abolition de l’esclavage partout dans le monde ,mise en œuvre de législations égalitaristes entre les genres (égalité d’héritage, de témoignage, droit au divorce, abolition de la tutelle sur les femmes, abolition de l’obligation de porter le voile, autorisation du mariage des musulmanes avec des  non musulmans) ; de même il faut abolir toute forme de discrimination ou de séparation entre les hommes et les femmes lors des offices religieux et dans la vie profane.( les femmes peuvent occuper le poste d’imame comme les hommes).

Concernant le statut du texte coranique, nous devons intégrer les apports des sciences humaines et sortir du dogme du Coran incréé qui empêche toute possibilité d’analyse historico-critique.

Elle dit : « Dieu n’a pas parlé une fois pour toutes à une génération morte avant de se taire à jamais. Il continue de nous parler jusqu’à la fin des temps ; à nous de réactualiser notre regard et notre compréhension des textes sacrés. La révélation est toujours en marche à chaque époque, chaque génération doit faire parler le texte et dialoguer avec lui en fonction de son propre contexte intellectuel et social. ».

« Il est possible d’embrasser la modernité par un islam ouvert et précurseur qui affirme la concordance entre la tradition, la foi, ses principes et le monde dans lequel nous vivons. Un islam qui accorde à la connaissance une place prépondérante, car la connaissance est nécessaire à la conscience, la compréhension est indispensable à l’observance des rites. »

 

5. Le féminisme est un humanisme

Depuis son plus jeune âge, Kahina est révoltée contre l’injustice et plus particulièrement celle faite aux femmes. Elle a compris que cette injustice contre les femmes dans la société ne pouvait être que le produit d’une œuvre humaine.

Dans sa quête spirituelle elle a découvert une notion centrale de la mystique musulmane : l’être humain sans distinction de genre a pour responsabilité de succéder à Dieu comme un collaborateur. Il a pour mission de préserver et de défendre l’intégrité et la dignité de ses semblables et de toutes les créatures.

La fragilité est partout dans la création y compris chez l’homme. Cela passe par la reconnaissance de la part féminine dans l’homme.

Elle éprouve gratitude et reconnaissance pour les grandes figures féministes mais elle ne veut pas faire du féminisme une cause à part des autres causes humanistes ; c’est d’abord l’injustice qui la révolte qu’elle qu’en soit la cible. En effet isoler la cause féministe des combats humanistes est souvent un prétexte pour la disqualifier.

D’autre part, elle constate que les religions portent une lourde responsabilité dans la construction de la supposée infériorité des femmes.

Elle dit :« Quand le Coran parle de la création d’Adam, c’est d’un être humain androgyne où le féminin et le masculin sont unis dans une même essence. »

La Rabin, Delphine Horvilleur dit la même chose.

Elle cite Ibn Arabi : « Le microcosme contient en lui tout le macrocosme ; tous les caractères dans l’univers se retrouvent dans l’être humain. »

Autour de la question du voile elle dit :

C’est Tariq Ramadan avec l’idéologie des frères musulmans qui a édicté un postulat malhonnête disant que le voile était une obligation religieuse pour les femmes.  Certaines féministes assimilent le voile à un acte de foi et en font un symbole identitaire de citoyenneté religieuse. C’est une manipulation de l’opinion publique par l’islam politique qui fait du corps de la femme une question politique qui doit être gérée par la collectivité en la dépossédant de sa liberté individuelle d’être humain.

 

6.  Le ministère religieux féminin

L’imam est un guide religieux : il dirige la prière du vendredi et prêche ; il donne des conseils religieux, accompagne la prière mortuaire et célèbre les mariages etc…Avant tout l’imam est un modèle pour les croyants sans distinction de genre.  Il y a de grandes figures féminines dans l’histoire qui sont des modèles pour les musulmans telles Marie mère de Jésus, La reine de Saba, Asiya, Sarah, Hajar …

Actuellement il y a des femmes imames dans le monde : en Afrique du Sud, aux USA, au Canada, en Europe, et elles ont toutes suscité de vives réactions car la lecture du Coran et de la Tradition par des hommes a pris le pas sur le message de Dieu qui est lui-même juste dans son essence.

Pour les fondamentalistes, le corps de la femme est devenu une obsession. Ils veulent la faire disparaitre de l’espace public. On constate alors une nette régression et la dégradation des rapports entre les genres.La mixité a toujours existé dans les lieux saints de l’islam. L’imanat féminin a été défendu par des juristes musulmans à différentes époques.

En particulier par Ibn Arabi qui affirme qu’une femme peut exercer la fonction d’imame et devant une assemblée mixte.

En conclusion elle ajoute : « les avis qui veulent établir l’interdiction absolue du magistère féminin dans le culte musulman n’ont pas de fondements théologiques solides. La lecture du Coran à travers le prisme patriarcal a abouti au démantèlement du message coranique et de sa vision égalitaire du monde…Ce texte sacré pourrait être interprété comme le meilleur instrument de lutte contre la discrimination, à condition que les femmes soient convaincues qu’elles sont légitimes à s’approprier la question théologique avec leurs égaux et frères, les hommes. »

 

7.  Le voile et ce qu’il voile

Elle dit :« Pour les Islamistes, les femmes ne sont dignes de respect que si elles sont silencieuses, obéissantes, voilées, calfeutrées dans leur domicile ou à la mosquée, mères de famille, enceintes tous les ans procréant des garçons, grâce à Allah ».

« Ils utilisent une rhétorique bien rodée ponctuée de versets coraniques et de citations attribuées au Prophète pour s’envelopper du manteau du sacré. Tout cela pour endormir la vigilance de l’auditoire et le rendre perméable à toutes sortes de manipulations. »

Le Hijab apparu en 1990 en Algérie est synonyme pour l’autrice de terreur et d’oppression. Il est entaché de sang, de haine et d’exclusion.

Elle explique que le Coran appelle les femmes à une juste pudeur et n’évoque en aucun cas l‘obligation de se couvrir la tête ou les cheveux.

Elle fait d’ailleurs un rappel historique sur le port du voile dans l’antiquité chez différents peuples comme les Babyloniens, les Assyriens, les Grecs etc …

Le voile n’est pas un symbole religieux ni un étendard politique. Mais la propagande islamique a réussi à l’imposer comme la norme de l’islam.

Cependant, pour sa part, elle respecte la liberté individuelle de chaque femme dans le choix de ses vêtements.

 

8. pour un islam spirituel

Le formalisme actuel nous fait croire que l’islam aurait toujours présenté un seul visage. Il y a toujours eu deux tendances opposées dans l’histoire de la pensée musulmane :

-une approche inclusive citant des versets appelant au respect et à la reconnaissance des autres religions

– une approche exclusive usant de versets rigoristes qui critiquent les autres croyances ou incroyances.

Cette question du pluralisme religieux l’a préoccupée dès son plus jeune âge en raison de son histoire familiale. Elle s’est donc attelée à identifier et à étudier les penseurs de l’islam qui se sont exprimés en faveur du pluralisme et du salut universel.

La plupart était de mystiques soufis. Dans la vision libérale, ce qui est primordial est l’expérience individuelle et une approche non dogmatique de la religion qui prône amour et compassion avant tout.

En particulier Ibn Arabi dit : « Le prophète Muhammad lui-même portait une attention particulière aux relations avec les adeptes des autres religions et était intransigeant quant à leur respect de la part des musulmans : « quiconque fait du mal à un chrétien ou à un juif, sera mon ennemi le jour du jugement. »

Il va même plus loin en proclamant la nécessité de la diversité religieuse. Le but de la religion étant la réalisation de la perfection humaine avec la guidance des prophètes pour acquérir une vraie connaissance de Dieu.

 

9. l’unicité, une attitude spirituelle

D’après Ibn Arabi, l’être humain fait partie de l’univers et ne peut se contenter d’un regard extérieur sur lui. La connaissance objective doit intégrer la connaissance subjective c’est-à-dire une connaissance lucide de soi, de la nature humaine et sa place dans le cosmos.

La notion de l’Unicité divine va entrainer une vision pluraliste des religions. En effet le message : « Point de divinité en dehors de Moi.  Adorez-moi donc », est commun à tous les prophètes avant et après Muhammad.

Dieu est « l’Expérimenté » car il a l’expérience parfaite du monde parce qu’il connait chaque chose selon son essence réelle ; en retour le monde dont l’homme fait partie, fait l’expérience de Dieu en devenant conscient de son existence étant emporté par le souffle du « Miséricordieux ». Ce souffle qui émane de Dieu amène le monde à son existence et le maintient comme le souffle vital maintient notre corps en vie.

Dieu, l’être nécessaire, est le seul existant ; toute chose emprunte à Dieu son existence de manière temporaire pour être là, dans le monde manifesté, avant de se fondre à nouveau dans sa source, le « Réel ».

Dieu est non délimité par quoi que ce soit mais il est aussi libre de toute délimitation et de toute détermination. Paradoxalement il possède donc aussi toutes les limitations. Il y a une similarité entre nous, qui sommes occupés à nous trouver nous-mêmes, à trouver les autres et à éprouver notre existence, et Dieu qui est l’Existant qui se trouve par essence.

Les noms de Dieu expriment à la fois l’incomparabilité et la similarité avec l’homme qui devient pleinement serviteur et lieutenant lorsqu’il réalise sa relation avec le Créateur.

 

10. Les signes et les attributs de Dieu

Dans le cosmos, toute chose est signe de Dieu. C’est le livre de Dieu donné aux gens capables de le lire. « Les signes sont supérieurs aux preuves car ils sont rattachés à la foi …tandis que les preuves sont attachées à la compréhension rationnelle qui n’est pas exempte d’obscurcissements. ..L’être est une seule réalité qui se perçoit selon différentes modalités ».

La connaissance de Dieu se fait aussi par les sources scripturaires du Coran et par les autres Ecritures dont Ibn Arab reconnait la validité.

Seul Dieu possède les attributs pleinement et vraiment : La Vraie Vie, le vrai Savoir, le Vrai Désir, le Pouvoir…mais les choses manifestent certains aspects de ces attributs car elles sont dans le cosmos. Toutefois les êtres humains ne manifestent pas tous ces attributs dans la même mesure ; la voie soufie est celle de l’acquisition des qualités de Dieu.

L’Apparent et le Caché sont aussi des qualifications de Dieu dans le Coran. Il n’y a pas d’antagonisme mais complémentarité selon le principe de L’Unicité de Dieu.

Le Coran valorise la foi et la piété intérieure bien plus que la pratique rituelle. Dieu appelle l’être humain à purifier son cœur et à contrôler ses pensées et ses intentions. Il indique que les signes sont à l’intérieur et à l’extérieur de nous-mêmes. Les connaisseurs de Dieu ont foi en lui et le connaissent à travers tous les visages et toutes les formes et ils savent qu’il englobe tout.

L’être humain se situe à la fin de la hiérarchie de la Création, car c’est un microcosme contenant en lui l’ensemble du cosmos. Au départ, les humains reçoivent de façon égale l’insufflation divine qui donne naissance à l’âme ; c’est par la suite que celle-ci est façonnée et influencée par l’éducation, et l’orientation que nous lui donnons.

Le monde et l’ensemble des âmes humaines composent le grand livre de Dieu qu’il faut lire dans sa globalité pour comprendre l’essentiel de son message.

 

11. La diversité religieuse

Si Toutes les religions affirment l’Unicité de Dieu, chacune apporte son propre enseignement, en fonction du prophète qui s’en est fait le messager, de la langue dans laquelle il a été exprimé et du contexte social et historique de chaque révélation. Le Coran invite les musulmans à croire en tous les livres révélés et en tous les messagers et prophètes. Muhammad, en tant que « sceau de la prophétie » récapitule dans le message dont il est porteur toutes les révélations antérieures. Chaque individu sera à la fin des temps rétabli dans sa nature originelle qui est inaltérable. Cela aboutit à la reconnaissance du salut universel de l’humanité, incroyants inclus.

Pour Ibn Arabi, toutes les religions révélées sont des lumières même s’il reste persuadé de la supériorité de la sienne. Il existe une unité fondamentale dans toutes les Lois Sacrées et chacune détient une part de Vérité. Chaque communauté a un messager. La diversité des religions est due à cette multiplicité des manifestations divines qui ne se répètent jamais.

L’auteur cite l’Emir algérien Abd El Kader (1808-1883) qui est le plus célèbre et le plus fidèle interprète de l’œuvre d’ibn Arabi : « ne demandez jamais quelle est l’origine d’un homme, interrogez plutôt sa vie, ses actes, son courage, ses qualités et vous saurez qui il est. »

 

12. Conclusion

Le Coran nous parle d’un Dieu qui ne demande pas seulement à être craint et obéi mais aussi et surtout d’un Dieu qui nous aime et qui demande à être aimé. Le mouvement qui donne lieu à l’existence de l’univers est le mouvement de l’amour.

Nous devons faire un travail sur nous-mêmes pour pouvoir nous transformer intérieurement et déployer nos potentialités d’amour autour de nous. Pour cela il faut d’abord se connaitre soi-même. Cela doit nous conduire à la charité universelle C’est pour cela que le Coran recommande de travailler à acquérir les vertus de compassion, de bienveillance, de générosité envers son prochain et envers tous les êtres créés.

Dieu dans son essence nous étant voilé, seule sa connaissance à travers les êtres créés nous est possible. Ainsi l’amour de Dieu passe par l’amour de ses créatures, car elles expriment et manifestent toutes quelque chose de son existence.

 

Qui sommes-nous ?

La Mosquée Fatima

L’association La Mosquée Fatima est le résultat de la réunion de deux compréhensions de l’islam, l’une spirituelle, l’autre rationnelle. La première est portée par Kahina Bahloul, la seconde par Faker Korchane.  

Kahina Bahloul est islamologue et présidente de l’association Parle-moi d’islam qui a pour objet de faire redécouvrir les valeurs de paix, de fraternité et le message universel de l’islam. Faker Korchane est président de l’Association pour la renaissance de l’islam mutazilite (ARIM). Cette organisation a pour objectif de permettre aux musulmans (mais pas seulement) de redécouvrir le patrimoine théologique et intellectuel islamique, notamment celui en référence au courant théologique mu’tazilite. L’association vise un objectif qui est une triple renaissance : une renaissance intellectuelle, une renaissance culturelle et une renaissance spirituelle.

Nous, Kahina Bahloul et Faker Korchane, désirons qu’enfin, une lecture pleinement libérée et émancipatrice de la religion musulmane puisse s’exprimer pleinement, car non seulement elle montrera que l’islam est une religion dynamique qui sait prendre en charge l’époque qu’il traverse sans changer un atome de ses fondements théologiques et spirituels; mais aussi, et c’est le plus important, qu’enfin des musulmans prennent le texte coranique au sérieux et comme première référence pour comprendre pleinement leur religion. Nous croyons profondément que l’islam est compatible avec les données de la raison et les valeurs de notre temps, sans pour autant que cela influe sur le cœur du message coranique en termes de dogmatique. Celle-ci consiste à croire en l’Unicité de Dieu, en Ses anges, en la prophétie et en la Révélation qui l’accompagne ; et au Jour du Jugement dernier.

 

 

Nous prétendons que notre héritage islamique est plein d’aspiration à la justice, de volonté de bien et d’épanouissement personnel et collectif. C’est le sens même de la racine du mot qui constitue le nom de notre religion, islam, provenant de s-l-m, à savoir, pacification. Nous puisons notre compréhension de la religion musulmane dans deux grandes tendances historiques : l’une s’appuyant sur l’apport de la théologie rationnelle mu’tazilite qui a grandement contribué a l’âge d’or abbasside ; l’autre, sur la théosophie akbarienne, du grand maître soufi Muhyiddin b. Arabi (m. 1240), aussi surnommé al-sheykh al-akbar « Le plus grand maître ».

C’est en référence à ces deux grandes sources que nous avons fondé avec d’autres personnes motivées par les mêmes objectifs, l’association cultuelle La Mosquée Fatima. Ceci notamment dans le but d’ouvrir une mosquée qui serait le porte-voix de cette compréhension de l’islam, qui formerait une sorte de « coalescence » spirituelle, véritable énergie qui peut contribuer à répondre, selon nous, aux quêtes de sens et de spiritualité qui marque notre ère contemporaine marquée par la désillusion des grandes idéologies, mais aussi par l’instrumentalisation ultracapitaliste,tueuse des valeurs humanistes et dévoreuse des ressources limitées de la planète. 

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